Signal d'alerte à Jijel! Samedi dernier, une dizaine de manifestants ont décidé de «casser» le couvre-feu pour manifester contre la prolongation des mesures de confinement. Ces attroupements nocturnes sont une première dans le pays depuis le début de la crise sanitaire au mois de mars 2020. Jusqu'à présent, les Algériens ont accepté sans brancher toutes les restrictions décidées par le gouvernement. Cela même durant la période estivale où le confinement était des plus stricts. Les citoyens ont fait preuve d'une discipline exemplaire, pendant que dans d'autres pays du monde naissaient des mouvements contre les restrictions liées au coronavirus. Ils ont fait confiance aux autorités sanitaires et cela a fini par payer. La situation épidémiologique s'est stabilisée depuis le débute du mois de décembre dernier. Un déconfinement partiel a alors été entamé. Tout le monde attendait de nouveaux allégements pour ce mois de février. Finalement, l'Exécutif a décidé de maintenir les mêmes restrictions. Seul grand changement, la sortie de 10 wilayas de la liste de celles concernées par le couvre-feu. Une déception pour bon nombre de citoyens que les manifestants de Jijel ont décidé d'exprimer dans la rue. Certes, il s'agit la d'une petite minorité de citoyens, pour ne pas dire un acte isolé, mais il y a un ras-le-bol général chez les Algériens. Le maintien à partir de 20h du confinement partiel à domicile a été difficile à digérer pour beaucoup. Tout comme le retard dans la réouverture du métro. De plus, il y a certains métiers qui sont au bord de l'asphyxie. Des activités commerciales demeurent fermées depuis plusieurs mois, à l'image des salles de sport ou des lieux de loisirs. Leurs propriétaires sont montés au créneau ces derniers jours. Nous ne sommes pas arrivés au stade de la désobéissance, comme en France, mais ça grogne! Ils appellent les pouvoirs publics à les autoriser à rouvrir au plus vite. Des coordinations de ces activités sont même nées. Des lettres ont été envoyées au gouvernement pour intervenir. Une situation des plus tendues qui met le gouvernement devant un dilemme: faut-il encore alléger le confinement? Les spécialistes sont unanimes à dire que l'on ne change pas une équipe qui gagne. Les mesures actuelles ont prouvé leur efficacité en venant à bout de la seconde vague du coronavirus sans paralyser tout le pays. Néanmoins, si la situation est stable, le virus est loin d'avoir disparu. Des centaines de personnes continuent d'être infectées quotidiennement et il y a toujours des morts. Un nouveau relâchement risquerait d'être fatal et d'entraîner une troisième vague plus dévastatrice que les deux premières. Ce qui se passe actuellement en Europe est là pour le confirmer. Tout doit être fait pour éviter un «remake» du scénario du mois de novembre dernier. Car une nouvelle vague entraînerait un retour à la case départ. À ce moment, on n'échappera pas aux restrictions «esquivées» en novembre! C'est ce qui explique la prudence dont fait preuve le gouvernement dans ce dossier qui a donné du fil à retordre au monde entier. Mais ne pouvons-nous pas diminuer un peu la pression? C'est ce que réclament certaines voix. Pour eux, le couvre -feu et l'interdiction de la vente sur place des restaurants et des cafés sont des constantes qu'il ne faut pas toucher. Cependant, ils plaident des mesures à même de permettre aux Algériens de décompresser, tout en sauvegardant les emplois de ceux touchés par les fermetures. L'«alarme» de Jijel devrait nous donner à réfléchir...