Neuf tonnes de résine de cannabis dissimulées dans des ballots enfouis dans le sable ont été saisies au Maroc, dans la région de Guelmim (Sud-Ouest), a annoncé, samedi dernier la Sûreté nationale marocaine (Dgsn) dans un communiqué. Une quantité, si énorme soit-elle dans un pays qui demeure l'un des plus grand producteurs dans le monde, ne devrait étonner personne. Ce trafic est une excellente source d'enrichissement pour les barons de la drogue qui déploient des réseaux, partout dans le monde, pour écouler leur poison. C'est une question d'argent qui sert également à financer d'autres réseaux de terrorisme et le trafic d'armes. Le travail, de concert avec ces bandes criminelles, qui constitue une entreprise subversive, mais aussi à nourrir davantage les lobbies de ce trafic transnational qui se font la concurrence et peuvent aller au-delà, voire s'entretuer, dans le but de gagner du terrain et récupérer des pouvoirs plus étendus. Qui est donc derrière ces réseaux marocains qui continuent d'agir sans être inquiétés? On accusera des hommes politiques, des hommes d'affaires et même des officiers, notamment sur le fait que le Maroc est l'un des principaux pays producteurs de cannabis au monde, cultivé principalement dans la région montagneuse du Rif. Selon les statistiques de 2020, «la production annuelle a été estimée à plus de 700 tonnes, pour une valeur de 23 milliards de dollars, soit 19 milliards d'euros. Durant cette même année, plus de 217 tonnes de résine de cannabis ont été saisies. Une bonne partie a été saisie en Algérie, qui ne constitue plus un lieu de transit, mais de consommation aussi puisque, de tout temps, l'Algérie a été la cible de ces réseaux, dont certains activent avec des responsables marocains. En 2019, le représentant du Front Polisario aux Nations unies, Sidi Mohamed Amar, a affirmé que «l'armée marocaine était impliquée dans le trafic de drogue et dans la traite des humains qui constituent une menace directe pour la paix et la sécurité régionales et internationales, exhortant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies à exercer une pression». Il avait même certifié que «le trafic de drogue est devenu, au cours de la dernière décennie, une des principales sources de financement des groupes terroristes et des bandes du crime organisé activant dans la région du Sahel et du Sahara». Il avait même accusé «l'ouverture, par le Maroc, de plusieurs points de passage au niveau de la région d'El Guerguerat, au sud du Sahara occidental, pour faciliter le transit de marchandises prohibées y compris la drogue», notant que «des centaines de camions et de véhicules traversent quotidiennement cette zone tampon vers les frontières mauritaniennes et au-delà, ce qui constitue une violation directe de l'accord de cessez-le-feu et de la convention militaire N°1». En 2020, la Garde civile espagnole (Guardia Civil), soutenue par Europol, a démantelé un groupe criminel organisé impliqué dans le trafic de cannabis du Maroc vers les régions espagnoles d'Algésiras et de Campo de Gibraltar. Selon Europol, «le cannabis venu du Maroc, a été dissimulé et transporté sur des hors-bord jusqu'à une petite jetée, connue sous le nom de jetée de narco appartenant aux criminels». Sans la complicité de hauts responsables, cette drogue ne peut passer outre le dispositif de sécurité, ce qui confirme l'implication de ceux-là mêmes. À noter qu'au Sahel, «le crime organisé continue d'évoluer principalement autour du haschisch marocain», a révélé un récent rapport du Groupe d'experts de l'ONU sur le Mali, qui pointe du doigt «le manque de coopération» du Maroc en matière de lutte contre le trafic de drogues, tout en soulignant l'impératif d'intégrer les fournisseurs de stupéfiants dans la liste des personnes visées par les sanctions onusiennes.