L'importance de conférer à l'organisation des prochaines élections législatives et locales, toutes les chances de se dérouler dans la transparence, demeure étroitement liée au principe de séparation de l'argent sale de l'exercice de la politique. C'est dans cette optique que le financement des campagnes électorales représente le volet névralgique de cette opération électorale. Dans ce sens, le président de l'Autorité nationale indépendante des élections, Mohamed Charfi, est longuement revenu sur ce point lors de son passage, hier, au forum de la Radio nationale, précisant que «le financement des campagnes électorales se trouve sous la vigilance de l'Anie, alors qu'avant la promulgation de la nouvelle loi, cette tâche était à la charge du Conseil constitutionnel». Une nouvelle disposition qui vient renforcer le principe d'indépendance de l'Anie et sa maîtrise déjà démontrée en matière de gestion et d'organisation des élections, loin de toute intervention du ministère de l'Intérieur, comme point de rupture avec les anciennes pratiques. Une indépendance qui tend à se confirmer davantage, lorsque il s'agit de la gestion des financements et de l'argent qui gravite habituellement autour des rendez-vous électoraux. Il faut dire qu'à la lumière des nouvelles dispositions de la loi électorale, notamment celle relative à la modalité de la liste ouverte qui donne la possibilité au lecteur de choisir sa liste de candidats et de les classer, à laquelle s'ajoute la mise des financements des campagnes sous contrôle total de l'Anie, l'étau se resserre sur la pratique de la «chkara». Au- delà des restrictions déjà annoncées par l'autorité, telles que la prohibition aux sociétés de financer les campagnes, le président de l'Anie annonce que «la nouvelle loi électorale engendrera la création d'une commission indépendante sous la tutelle de l'Anie, et qui sera composée de représentants de tous les organismes chargés du contrôle, tels que le Conseil de la nation, la Cour suprême, la Cour des comptes et la Haute Autorité de lutte contre la corruption». Dans le détail, le président de l'Anie explique que le travail de cette commission consistera à effectuer des enquêtes qui s'étaleront sur 6 mois et dont la mise en oeuvre interviendra après la fin de l'opération électorale et peut s'élargir au recours à la saisie judiciaire. Il va sans dire, que la réussite de ce rendez-vous électoral, et l'aboutissement aux résultats escomptés, qui ne sont autres que la réhabilitation de la confiance entre le citoyen et l‘Etat, l'instauration d'un système électoral essentiellement orienté vers le respect de la volonté du peuple, ne manqueront pas d'impacter la nouvelle configuration de la scène politique. Du fait que les ouvertures contenues dans la nouvelle Constitution, et dans la nouvelle loi électorale, confèrent les mêmes chances à tous les candidats et toutes les formations pour affirmer leurs positions sur le terrain. De ce fait toutes les franges de la société peuvent être représentées et contribuer à la relance de la vie politique économique et sociale. Cela étant, il est impératif, comme cela a été souligné par de nombreux hauts responsables de l'Etat, de mettre en avant la consolidation du front interne, dans la mesure où tous les participants devraient avoir une vision commune sur la gestion des affaires du pays. Pour bon nombre d'observateurs, il s'agit de mettre les intérêts de la nation en priorité absolue, dans le but de permettre au processus constitutionnel et électoral de se mettre en place définitivement, et sur des bases solides et durables.