Un combat! C'est comme cela qu'a qualifiée le professeur Djamel-Eddine Nibouche l'action que doit mener l'Algérie contre les maladies cardiaques. Invité, hier, de la Matinale de la Radio nationale chaîne 3, le chef de service cardiologie de l'Etablissement hospitalier Nefissa-Hamoud (Ex-Parnet), a tiré la sonnette d'alarme. Il appelle les pouvoirs publics à élaborer une «vraie» stratégie contre ce type de maladies. «On doit adopter une stratégie efficace à suivre au fil du temps», a soutenu cet éminent spécialiste. Il a insisté, dans ce sens, pour un «consensus national» où tous les secteurs doivent être impliqués. «Cela afin d'arriver à un plan applicable sur le terrain», souligne-t-il. Car, comme le rappelle si bien le professeur Nibouche, des plans il y en à profusion. «Mais c'est leur application qui a posé problème», précise-t-il. «Les actions existent, elles ont été étudiées et élaborées par les spécialistes mais elles n'ont pu être appliquées sur le terrain», poursuit-il. Où se situe donc le problème? «Bien que les causes de cette maladie soient les mêmes partout dans le monde, il ne suffit pas de copier des stratégies appliquées ailleurs pour réussir», assure-t-il. Pour le professeur Nibouche, on a donc «besoin d'une stratégie répondant à notre réalité». C'est ainsi qu'il plaide pour un traitement en amont des infarctus du myocarde, c'est-à-dire en prévenant contre les causes de ce problème de santé publique. Et ces causes, ce n'est pas ce qui manque dans notre société. À commencer par le tabagisme. «Ce fléau est en train de faire des ravages. C'est la première cause de l'infarctus en Algérie», fait-il remarquer avant de demander l'activation au plus vite de la stratégie de lutte contre le tabac dans le pays. «On ne peut pas établir une stratégie de lutte contre les maladies cardiaques sans traiter leurs causes. Il y a quelque chose qui ne marche pas...», peste Djamel-Eddine Nibouche. Surtout que ce spécialiste en cardiologie note que le nouveau mode de vie des Algériens a favorisé l'apparition de diverses maladies chroniques qui sont directement liées aux crises cardiaques. «Il y a l'obésité qui prend de plus en plus d'ampleur dans le pays, mais aussi le diabète», soutient-il. «Selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 15% de la population est diabétique. Un chiffre qui grimpe de façon importante ce qui se répercutera bien évidemment sur le nombre d'infarctus», atteste le professeur Nibouche. D'ailleurs, il met en garde sur le fait que si une personne souffre de ce type de comorbidité, elle a de fortes chances d'avoir, dans sa vie, une crise cardiaque. C'est pour toutes ces raisons que le chef de service cardiologie de l'Etablissement hospitalier Nefissa-Hamoud demande la mise en place d'un plan de prise en charge nationale et par la création de structures spécialisées répondant aux spécificités de chaque wilaya. «Il est urgent d'appliquer la nouvelle loi sur la santé afin de réorganiser le système sanitaire du pays», conclut-il.