Un an après le sommet du G5 Sahel de Pau, Paris se prépare à «ajuster» son effort militaire au Sahel, lors d'un sommet prévu au Tchad les 15 et 16 février. Le président français Emmanuel Macron a ainsi reçu mercredi son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, pour préparer, selon l'Elysée, le sommet du G5 Sahel de N'Djamena destiné à consolider la lutte antiterroriste. Depuis le début de l'année, il a déjà reçu successivement les présidents mauritanien, nigérien, tchadien et malien, en pleine turbulence dans les pays sahéliens où des manifestations se sont amplifiées contre la force Barkhane, jugée inefficace et coupable de plusieurs bavures. Des contestations qui ont poussé Macron à envisager un redimensionnement de la force française Barkhane et une nouvelle approche de la politique de gestion de la crise régionale au Sahel. La France qui mobilise plus de 5000 hommes cherche donc à réduire sa présence. Mais elle entend, pour cela, obtenir en contrepartie l'engagement de ses partenaires européens, dans l'autre force présente sur le terrain militaire sahélien, Takuba. En d'autres termes, il n'est pas question pour Paris de renoncer à la mission de défense de ses intérêts, malgré la mort récente de cinq soldats. Réaffirmant que les résultats de son intervention sont «importants», la France vise une reprise en mains politique et militaire de la région sahélienne, avec des coûts moindres dès lors qu'ils seraient partagés avec les alliés européens et des Etats-Unis prudents et pragmatiques dans leur soutien à cette stratégie. L'an dernier, au sommet de Pau, Macron et ses homologues africains avaient parié sur l'intensification de la lutte antiterroriste, 600 soldats français ayant été expédiés en renfort à la force Barkhane. Emmanuel Macron et l'état-major français estiment que ce fut là le moteur de «nom- breux résultats tactiques», tout en déplorant de manière sous-jacente un relais insuffisant des Etats africains concernés. Nouvelle force mobilisée contre les groupes terroristes dont la montée en puissance donne des migraines aux dirigeants du G5 Sahel, Takuba est pour l'instant composée de forces spéciales françaises, estoniennes et tchèques. Mais, elle est le «signe d'une prise de conscience grandissante des enjeux sahéliens qui sont cruciaux pour toute l'Europe», plaide le président français qui répète que «le cap reste inchangé», quant à l'objectif de «stabilité» du Sahel et la «victoire contre les terroristes». C'est donc lundi prochain, à N'Djamena, que la France va officialiser la première vague de son retrait graduel, notamment au Mali et au Burkina où la contestation contre Barkhane est la plus forte. L'Elysée indique que «le sommet aura lieu en présentiel ou en visioconférence, avec les partenaires du G5, les partenaires européens, les institutions européennes engagées» et que «les Américains sont intéressés par l'exercice». La participation du nouveau secrétaire d'Etat Anthony Blinken est effectivement annoncée et elle représente pour Paris le gage l'un soutien plus conséquent que celui consenti par l'administration sortante de Donald Trump.