Cette force régionale ne peut pour l'instant suppléer à l'opération française Barkhane en raison de ses insuffisances, alors que la France voudrait se délester du fardeau malien. Le sommet du G5 Sahel s'est ouvert hier à N'Djaména pour deux jours, en présence de cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et de la France (le président français Emmanuel Macron participe en visioconférence) pour faire le point sur la lutte antiterroriste dans la région, notamment discuter de l'avenir du dispositif Barkhane, dont il s'agit de réduire l'effectif, au profit d'un engagement militaire sur le terrain des Etats africains et des alliés européens de la France. L'enjeux principal de ce sommet consiste à amplifier la dynamique enclenchée lors du précédent sommet tenu à Pau (sud-ouest de la France), indiquent des sources proches de la présidence française. Il s'agit de consolider les résultats tactiques engrangés sur le terrain par le contingent français Barkhane qui était, il y a quelques semaines seulement, concerné par une réduction des effectifs. En dépit de la mort récente de cinq soldats français, l'Elysée se félicite des résultats obtenus, soit le renversement du rapport des forces dans la zone. La France envisagerait, dans ce sens, de concentrer ses efforts dans la zone des trois frontières (Mali, Niger et Burkina) pour cibler l'organisation de l'Etat islamique au Grand Sahara, grâce notamment à l'arrivée d'un bataillon tchadien, et accentuer la pression sur la plus haute hiérarchie du Gism, le groupe dirigé par Iyad Ag Ghali, et sur la katiba Macina d'Amadou Koufa. Sur le plan diplomatique et civil, le sommet s'est fixé pour objectif de relancer la mise en œuvre des accords d'Alger et d'accélérer le retour de l'Etat dans les zones les plus vulnérables. Paris souhaiterait également un sursaut diplomatique en renforçant la corporation avec les pays riverains du golfe de Guinée et en mobilisant toujours à l'échelle internationale. Cela étant, en dépit des succès tactiques revendiqués, notamment d'avoir sérieusement affaibli l'organisation Etat islamique (EI) et tué plusieurs chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le tableau demeure très sombre, estiment des analystes, en rappelant que plus de huit ans après le début dans le nord du Mali d'une crise sécuritaire, il ne passe pas un jour sans que les trois principaux pays n'enregistrent une attaque contre les représentations de l'Etat ou des exactions contre les civils. Aussi, il est attendu du sommet du G5 Sahel de trancher l'avenir de la force Barkhane, dont il s'agit de réduire les effectifs, estimés à plus de 5000 hommes, en optant pour l'une des deux solutions : soit, l'"internationalisation", incarnée par le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, auquel participent plusieurs dizaines d'Estoniens, de Tchèques et de Suédois. Soit la "sahélisation", c'est-à-dire le passage du témoin aux armées nationales locales que la France forme avec l'Union européenne. En revanche, l'hypothèse d'un dialogue avec les jihadistes maliens Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa est officiellement exclue par Paris. Au contraire, le sommet de N'Djamena pourrait "acter l'effort ciblé sur la haute hiérarchie" du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Gsim), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda.