L'immigration clandestine est devenue un véritable drame pour ses candidats. Le ministre délégué auprès du ministre de l´Intérieur et des Collectivités locales, chargé des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, ainsi que le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, ont reçu, hier, le ministre de l´Intérieur et de la Décentralisation de la République du Niger, Munkaila Mody, qui est arrivé à Alger pour une visite de travail de deux jours. A son arrivée, le ministre nigérien a affirmé, dans une déclaration à la presse, que cette visite s´inscrit dans le cadre de la commission bilatérale «transfrontalière» entre le Niger et l´Algérie, ajoutant que « nous avons une très longue frontière et il est de l´intérêt de nos deux pays de se rencontrer, de temps en temps, pour discuter des problèmes communs qui se posent, de part et d´autre, de notre frontière commune». Liés par plusieurs facteurs d'intérêts communs, l'Algérie et le Niger mettront sur le tapis certainement des soucis partagés, tels que la sécurité des 950 km de frontières communes, la surveillance du passage des gazoducs, l'immigration clandestine et le terrorisme qui s'y déploie en douce. Vaste terre aride, cette partie de la bande du Sahel est infestée de groupes rebelles, d'opposants armés, de Touareg sécessionnistes et de contrebandiers constitués en bandes mafieuses, et risque même de se voir encore encombrée d'islamistes tentés par des actes de violence. L'armée régulière du Niger, qui s'est accrochée dans le désert du Ténéré, en 2003, avec le groupe de Abderrezak El-Para et y avait perdu une vingtaine de militaires, en sait déjà quelque chose. Même les Etats-Unis se sont intéressés à la région et semble y mettre pied pour longtemps. Le plan Pan-Sahel Initiative (PSI) américain est un vaste programme, dont l'objectif est d'endiguer toute menace terroriste venant du Sahel. Près de 120 millions de dollars ont été débloqués à cet effet, en plus d'experts militaires et d'équipements sophistiqués pour le repérage, la reconnaissance, la détection et éventuellement l'attaque aérienne. Washington suggère que toutes les bandes islamistes de la région ne peuvent qu'être alliées à Al Qaîda, et doivent, de ce fait, être traquées sans répit et démantelées. Cependant, les Etats-Unis ne peuvent s'engager longtemps sur plusieurs fronts ni engager leurs troupes déjà très éprouvées dans des guerres d'usure, et tout aussi aléatoires qui plus est. D'où tout l'intérêt porté par Washington à des pays comme l'Algérie, qui possède déjà sur place hommes et logistique militaire. Sur un autre plan, l'immigration clandestine est devenue un véritable drame pour ses candidats. Bon an, mal an, l'Algérie expulse 8000 immigrants clandestins venus notamment des pays de la bande du Sahel, comme le Niger ou le Mali, mais aussi de pays comme le Sénégal, le Bénin, le Cameroun ou le Nigeria, et refoule le double aux postes de surveillance le long des frontières qu'elle partage avec la Mauritanie, le Niger, le Mali et la Libye. Des statistiques menées par les gardes-frontières algériens donnent ce chiffre effarant : au moins 35 000 immigrants clandestins ont été reconduits chez eux depuis l'année 2002. «Bouclier de l'Europe», l'Algérie l'est, et l'a longtemps été avec quelque 7000 km de frontières terrestres et 1200 km de littoral, et occupe une position centrale aussi bien vis-à-vis des pays maghrébins et africains qu'aux yeux de l'Occident avec 1559 km de frontières avec le Maroc, 1376 avec le Mali, 882 avec la Libye, 965 avec la Tunisie, 956 avec le Niger, 463 avec la Mauritanie et 42 avec le Sahara occidental. L'Algérie a tout d'une plaque tournante dans la vaste bande du Sahel. Le souci pétrolier n'étant jamais loin dans la région saharo-sahélienne, il y a lieu de noter la visite de responsables nigériens en Algerie vers la mi-janvier 2006 et qui ont eu des discussions avec Chakib Khelil sur les projets existants entre les deux pays et ceux qui sont en négociation. Parmi ces projets, le contrat d'exploration décroché par Sonatrach sur le bloc Aljado et qui attend l'approbation des autorités du Niger ainsi que le projet de gazoduc transafricain (Nigal) qui doit relier le Nigeria à l'Algérie via le Niger. Sonatrach avait signé déjà, au mois de juin 2005 un contrat d'exploration d'hydrocarbures de 29,5 millions de dollars sur le bloc Kafra (23,737 km²). Une convention pour le bloc de Tamasna, qui nécessitera un investissement de 29 millions de dollars sur 9 ans, a été aussi signée, selon une source de la compagnie. Les travaux sur le bloc de Kafra devaient débuter en mars 2006.