Dans un discours diffusé, hier, par la télévision et les radios libyennes, le président sortant du Conseil présidentiel et chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), issu de l'accord de Skhirat, en décembre 2015, Fayez al Serraj a procédé à un bilan de son action pendant les cinq années écoulées, au cours desquelles il a eu à affronter de nombreuses difficultés et une offensive meurtrière du maréchal Haftar qui avait tenté de s'emparer de Tripoli par les armes. Al Serraj a tout d'abord rappelé que, dès son arrivée dans la capitale libyenne, il s'est efforcé de réaliser la réconciliation nationale et de parvenir à la réunification des institutions souveraines. A son grand regret, souligne-t-il, «les intérêts personnels et les appétits régionaux ont atteint un stade avancé d'obsession chez une certaine personne pour pousser les fils du pays à la guerre et aux combats». On devine aisément de quelle personne il s'agit, le maréchal Haftar ayant, par deux fois, serré la main d'Al Serraj, au Caire puis à Abu Dhabi, et c'est au lendemain de cette dernière entrevue, scellée par un accord sur la tenue des élections, que Haftar a lancé son offensive contre Tripoli, le 4 avril 2019. L'animosité entre les deux hommes avait atteint le point de non-retour et la Libye a failli sombrer dans une véritable tragédie, les ingérences étrangères ayant culminé avec l'envoi de matériels de guerre puis de combattants. Sur le point de rompre devant les assauts de l'armée nationale libyenne autoproclamée de Haftar, les forces fidèles au GNA, dont les puissantes milices de Misrata, ont reçu alors le soutien décisif de la Turquie qui, avec ses drones et ses conseillers militaires a infligé à Haftar et à ses groupes armés une cuisante défaite. Contraint de se replier sur Benghazi, il avait tout investi dans l'ultime bataille de Syrte qui, contre toute attente, n'a pas eu lieu. Aujourd'hui que prend fin l'aventure, Fayez al Serraj entend prendre l'ensemble des Libyens à témoin. C'est ainsi qu'il leur rappelle que, dès les premières heures de la guerre lancée contre Tripoli, il a oeuvré à rassembler les forces, fournir les moyens de résistance et empêcher que le sang des Libyens coule à profusion. Dès août 2020, il a ordonné l'arrêt des combats sur tout le territoire national, la reprise des exportations de pétrole si nécessaires à la population dans son ensemble puis ouvert la voie au dialogue politique sur le double volet politique et militaire, la conviction devenue générale étant qu'il ne saurait y avoir une solution militaire au conflit. Cette approche ayant été entendue par toutes les parties prenantes à la crise, l'heure est venue, a affirmé Fayez al Serraj, d'agir en faveur de la réconciliation, condition même de la stabilité et de la sécurité du pays, la réunification des institutions de l'Etat libyen et l'organisation des élections législatives et présidentielle, le 24 décembre prochain, au cours desquelles le peuple libyen sera appelé à se prononcer librement.