Inédit. Les électeurs du Niger vont désigner un successeur au président Mahamadou Issoufou, qui a respecté la limite des deux mandats fixée par la Constitution en ne se représentant pas. C'est la première fois qu'un président élu passe le relais démocratiquement depuis l'indépendance du pays en 1960. Cette ex-colonie française, enclavée entre Sahel et Sahara, n'a cessé de subir des coups d'Etat depuis. «Passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu sera «ma plus belle réalisation, ce sera une première dans l'histoire de notre pays», a clamé le président Issoufou. Mais une véritable alternance dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et aux ressources concentrées dans des mines d'uranium, est peu probable. En effet, il n'est pas sûr que la transition d'aujourd'hui constitue une alternance: le favori du second tour de scrutin présidentiel n'est autre que Mohamed Bazoum, le ministre de l'Intérieur et dauphin du chef de l'Etat sortant. Bazoum, candidat du parti au pouvoir PNDS-Tarraya, a remporté le premier tour du 27 décembre avec 39,3% des voix, devant son rival Mahamane Ousmane, candidat du RDR-Tchanji (opposant et ancien président). Un dimanche décisif et de vérité pour les deux candidats après la campagne pour le second tour de la présidentielle qui s'est achevée vendredi. Les 7,5 millions d'électeurs seront appelés aux urnes pour la second tour de la présidentielle. Ils vont décider qui de Mohamed Bazoumou ou de Mahamane Ousmane succédera au président sortant Mahamadou Issoufou. 30 candidats étaient en compétition, dont la plupart étaient à leur première participation à une élection présidentielle. Selon les résultats définitifs du premier tour de cette élection, tenue le 27 décembre dernier, proclamés par la Cour constitutionnelle du Niger, aucun des concurrents n'a réussi à obtenir la majorité absolue pour franchir ce cap. Le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) Bazoum Mohamed qui est arrivé largement en tête, n'a pas réussi le «coup Kao» qu'il avait souhaité infliger à ces adversaires pour passer dès le premier tour. Il a été crédité de 39,30% des suffrages valablement exprimés; soit 1.879.629 voix. Il est suivi du candidat du Rassemblement démocratique et républicain (RDR-Tchandji) et ancien président de la République, Mahamane Ousmane, qui a obtenu 16,98%; soit 812.412 voix. Dans un des pays les plus pauvres du monde, pris en tenaille entre des attaques jihadistes sur plusieurs de ses frontières, où la corruption est jugée endémique et la parole publique surveillée, le prochain président du Niger aura de nombreux défis à relever.En prélude à ce second tour de la présidentielle, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé vendredi le déploiement d'une mission de 140 observateurs dans le pays, a-t-on appris d'une source officielle à Niamey. Ces observateurs qui proviennent des Etats membres de la CEDEAO, de la Cour de Justice ainsi que du Parlement du bloc régional, ont pour mission de veiller au bon déroulement du processus électoral en vue d'une élection libre, transparente et crédible. En outre, les frontières nationales (terrestres, aériennes et fluviales) du Niger seront fermées du samedi 20 février au dimanche 21 février à minuit, pour ce rendez-vous électoral, selon un communiqué du ministère nigérien de l'Intérieur et de la Sécurité, rendu public à Niamey. Toutefois, il est fait exception pour «les vols cargo, les vols sanitaires, les vols militaires et les transports des marchandises par voie terrestres», précise le communiqué.