Alger dit, par la voix de Belkhadem, ministre d'Etat, qu'il ne s'agit de «rien de grave». La visite du président Bouteflika à Paris pour «un contrôle médical» à l'hôpital du Val-de-Grâce a été un véritable coup de tonnerre dans le ciel déjà chargé des relations algéro-françaises. L'événement a été chahuté par la manière dont il a été annoncé. Alors que le porte-parole de l'hôpital militaire affirmait qu'il «n'était au courant de rien» ,Jean-Marie Le Pen (extrême droite) révélait sur les ondes de RMC en vociférant qu'il ( le président Bouteflika ) n'a pas à venir se soigner «chez les abominables colonialistes que nous sommes». L'information a été évidemment vite confirmée par les responsables des deux pays, mais la visite était déjà placée sous le signe de la spéculation .Côté officiel, le Quai d'Orsay s'est contenté d'orienter la presse vers l'ambassade d'Algérie après avoir déclaré qu'il ne s'agit que d'un «suivi médical prévu de longue date». Hier encore, Jean-Baptiste Mattei , le porte-parole du Quai d'Orsay, réaffirmait qu'il s'agit d'une visite privée qui ne saurait être commentée. Il a néanmoins confirmé que le président Bouteflika est toujours au Val-de-Grâce à Paris. Les sources proches du ministère français des Affaires étrangères répètent toutes que non seulement c'est une visite privée mais qu'elle a été effectivement programmée depuis longtemps. La sobriété des déclarations a cependant vite encouragé les spéculations sur ce séjour médical. Le journal Libération, dans une curieuse analyse, considère que le président Bouteflika n'aurait jamais tenu les propos de Constantine si son déplacement était réellement programmé depuis longtemps, et de conclure que l'hospitalisation a été en fait imposée par une soudaine dégradation de la santé du président algérien. Le Figaro croit savoir que c'est la troisième consultation de Abdelaziz Bouteflika depuis son hospitalisation en novembre 2005 au Val-de-Grâce pour un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac. Même si Alger dit par la voix de Belkhadem, ministre d'Etat, qu'il ne s'agit de «rien de grave», les supputations sur la santé du président se poursuivent. Le Monde constate aussi que cette visite relance ce débat si l'on peut dire. De manière générale, l'hospitalisation du Président Bouteflika dans la capitale française est située dans le contexte des relations bilatérales et chacun rappelle les récentes déclarations de Abdelaziz Bouteflika à Constantine à propos du «génocide identitaire» commis par la France en Algérie. Le traité d'amitié, qui devait être signé en 2005, mais que les observateurs considèrent aujourd'hui «enterré» après l'échec de la visite de Philippe Douste-Blazy à Alger, occupe une place centrale dans toutes ces réactions. Pourtant, tout ce brouhaha n'est pas étonnant pour qui suit les relations entre les deux pays. Rien n'est jamais simple entre Alger et Paris tant les dossiers en souffrance sont nombreux. La phase actuelle est particulièrement compliquée par l'ambiance préélectorale qui règne en France et où tous les coups sont permis entre les deux camps, gauche et droite, mais également à l'intérieur d'une même famille politique. Les relations avec l'Algérie sont une opportunité comme une autre pour marquer des points à l'adversaire. Et ce n'est pas l'extrême droite qui dira le contraire.