«Très satisfaisant» est l'appréciation que fait un communiqué de la présidence de la République, du bilan post-opératoire subi par le chef de l'Etat à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. M.Abdelaziz Bouteflika qui s'est rendu mercredi dernier à Paris pour y subir un contrôle médical, prévu de longue date à la suite de son hospitalisation au mois de novembre dernier, a quitté vendredi l'hôpital, mettant ainsi un terme aux rumeurs les plus folles. Celles, notamment, distillées par la droite et l'extrême droite françaises, qui apparemment entament les «préliminaires» pour la présidentielle de 2007. La campagne médiatique menée depuis jeudi dernier par la presse française, au sujet du séjour du chef de l'Etat à Paris, s'est avérée n'être qu'une tempête dans un verre d'eau. Elle est menée par des milieux politico-médiatiques connus pour leur haine viscérale à l'égard de l'Algérie, qui commence peu à peu à sortir d'une longue crise et dont le seul «tort» est d'avoir qualifié en des termes on ne peut plus mesurés et à juste titre, les crimes commis par la France coloniale en Algérie. Par ailleurs, et comme lors de sa sortie d'hôpital en novembre dernier, certains milieux rompus aux scénarios «hitchcockiens» sont allés jusqu'à s'interroger sur la destination du chef de l'Etat à sa sortie du Val-de-Grâce. Des interrogations du genre «le communiqué de la Présidence ne donne aucune indication sur le lieu où se trouverait le chef de l'Etat et ne précise pas s'il doit ou non effectuer une période de convalescence à Paris». Cela comme si M.Bouteflika était allé subir une autre intervention, qui nécessiterait un séjour prolongé dans la capitale française. Pourtant, le communiqué de la présidence de la République annonçant le déplacement du chef de l'Etat au Val-de-Grâce est clair. Il convient de rappeler que le séjour du chef de l'Etat a été violemment dénoncé par plusieurs députés de droite et par l'extrême droite française. Au moment où le député UMP Bernard Debré -encore lui- exprimait des «doutes» sur l'état de santé du chef de l'Etat. Celui qui décidément est spécialisé dans les diagnostics «à distance» récidive, au point de tisser des scénarios les plus alarmistes. Pourtant, quand le président Chirac était en butte à des problèmes de santé, suite à une attaque cérébrale -c'est la version officielle- toutes les «voix» s'étaient tues, invoquant tantôt le secret médical et tantôt le secret défense. Par ailleurs, aller jusqu'à rappeler les déclarations de Bouteflika, à Constantine, accusant la France coloniale d'avoir commis un «génocide identitaire», obéit à des arrière-pensées dont seuls les ennemis jurés de l'Algérie, connaissent les dessous. Il est, donc, clair qu'à travers les déclarations des uns et des autres, c'est encore une fois l'esprit «nostalgique» qui ressurgit. Celui tendant à considérer que le peuple algérien n'est pas en mesure de prendre en main sa destinée. Il est tout à fait normal qu'un Jean-Marie Le Pen ne rate pas l'occasion pour tenir des propos, qui n'expriment en réalité que sa haine de tout ce qui est algérien et arabe en général. N'est-ce pas lui qui trouve indésirable la présence du chef de l'Etat à l'hôpital parisien, qui est l'auteur de la tristement célèbre phrase: «J'aime les Arabes, mais chez eux». C'est mû par ce même esprit, qu'il déterre sa hache de guerre conservée de l'époque où il fut un sanguinaire de l'OAS, pour s'en prendre à un symbole de l'Algérie indépendante. «Je trouve scandaleux que M.Bouteflika se permette de dire cela publiquement et, le lendemain, d'être chez nous pour se faire soigner», indique le sieur le Pen, faisant allusion aux déclarations du chef de l'Etat condamnant les crimes commis par les semblables du chef du Front national, en Algérie. Ainsi, en sus de la nette amélioration de l'état de santé du chef de l'Etat, son court séjour au Val-de-Grâce, vient encore une fois révéler qu'un large fossé sépare Alger et Paris, et que la signature du traité d'amitié tant attendu risque de s'éterniser.