La Casbah était considérée comme un monument historique et on pensait la transformer en musée... «L'Etat a son instrument pour se défendre. C'est le plan de sauvegarde», nous a-t-on affirmé hier, à la faveur d'une conférence de presse animée à l'occasion du Mois du patrimoine (18 avril - 18 mai) par M.Mourad Badrouni, Madame Zadem Rachida et M.Dahmani Mohamed, respectivement directeur de la conservation et de la restauration du patrimoine culturel, directrice de la protection locale des biens culturels et de la valorisation du patrimoine culturel et directeur de l'agence du patrimoine culturel. Dans son allocution d'ouverture, Badrouni rappellera les conditions d'installation du Mois du patrimoine qui a été institué en 1993 par les ministres maghrébins de la Culture sur l'initiative des archéologues de ces pays, à un moment important de l'histoire du Maghreb, celle de la réalisation de l'Unité maghrébine (UMA). «Ce mois du patrimoine, inscrit sous le thème de la conservation, coïncide avec le parachèvement par le ministère de la Culture, d'une étape importante, celle de la mise en place du dispositif juridique et réglementaire pour la prise en charge du patrimoine culturel, et l'engagement d'une nouvelle étape, celle de l'application sur le terrain de la nouvelle instrumentation juridique et des nouvelles notions qu'elle a introduites dans le domaine du patrimoine culturel.» En clair, jusqu'à 1998, date de l'avènement de cette loi 98-04 portant sur la protection des biens culturels, aucune mesure juridique ne permettait si on prend l'exemple édifiant de la Casbah, de restaurer les villes bâtisses qui tombent en ruine celles-ci relevant de l'ordre de la propriété privée, chose sur lequel l'Etat n'avait pas de pouvoir. Il aura fallu la loi de finances de 2006 pour que cette loi soit opérante. Elle sera mise en application à partir de cette semaine. «C'est seulement en 2003 qu'on a fait les textes juridiques pour pouvoir se défendre. Les gens ne veulent pas quitter leurs maisons et exproprier quelqu'un est une action extrême.» La Casbah, nous indiquera-t-on, était considérée comme un monument historique. «On pensait en faire un musée», nous avoue-t-on même. Cela explique enfin le pourquoi de ce temps perdu depuis 40 ans pour prendre en main sérieusement ce dossier pour lequel, faut-il encore le souligner, l'Etat a déboursé des sommes faramineuses pour s'en occuper. Et de noter, selon le Plan de sauvegarde en 1997, La Casbah contenait 1200 habitants et en 1998 35.000. Aussi, nous apprend-on la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée en octobre 2003 par la conférence générale de l'Unesco, est entrée en vigueur le 20 avril, a annoncé l'organisation onusienne. Ce nouveau texte normatif, qui est au patrimoine vivant ce que la Convention de 1972 pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel est au patrimoine matériel, vise à sauvegarder les traditions et expressions orales (y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel), les arts du spectacle, les pratiques sociales notamment, ainsi que le savoir-faire lié à l'artisanat traditionnel. Les directeurs culturels notamment des musées, les offices répartis sur le territoire, constituent à cet effet «un réservoir d'informations» à même d'enregistrer ces données qui seront transmises au ministère de la Culture. S'agissant du trafic illicite d'objets culturels, l'Algérie a signé la convention internationale de 1970 portant sur la récupération d'objets culturels à l'étranger. Cependant, l'Algérie n'a pas encore adhéré à la loi portant sur la récupération des objets volés par des individus. Plusieurs affaires sont en cours. Les amendes ont atteint les 200 millions de centimes Et de souligner: «Tout ce qui est sur le sol de l'Etat lui appartient». En ce sens, des agents sont formés et des cellules contre le trafic sont constituées, notamment aux parcs du Tassili et du Hoggar. Enfin, pour une meilleure prise en charge du patrimoine, une coordination interministérielle a été mise en place. On cite par exemple la récente signature d'une convention entre le ministère des Travaux publics et celui de la Culture. Des anciens manuscrits peuvent en effet nous renseigner sur l'occupation du territoire à un moment donné de l'histoire. Une expo portant sur les objets récupérés sera montée à la citadelle à la fin du mois du patrimoine.