Une campagne électorale se fait avec de l'argent. Et qui dit argent, dit souvent corruption. La démocratie n'a pas de prix, mais elle a un coût. En effet, la vie politique ne saurait subsister sans ressources financières. L'argent est, de ce fait, au coeur du fonctionnement des partis politiques et joue un rôle fondamental dans la compétition pour la conquête et la conservation du pouvoir, mais pas la « chkara». Aussi, pour mettre fin à ce « fléau» l'Autorité nationale indépendante des élections a proposé la création d'un comité indépendant chargé de l'audit et du suivi de l'opération électorale. Nerf de la guerre en période électorale, le financement des campagnes pour les partis politiques et candidats indépendants sera sous le microscope et la surveillance d'une commission indépendante auprès de l'Anie. Une question relevant, auparavant, de l'autorité stricte du Conseil constitutionnel qui a manifestement échoué à endiguer le phénomène. «Le contrôle des sources de financement des échéances électorales constitue une pierre angulaire pour l'édification d'institutions intègres et instaurer un Etat de droit», a affirmé Mohamed Charfi, président de l'Anie, à l'issue de l'audience qu'il a accordée à l'ambassadeur d' Italie à Alger, Giovanni Pugliese. Le président de l'Anie a souligné que «l'édification d'institutions d'Etat intègres requiert, d'emblée, le contrôle et le suivi des sources de financement de l'opération électorale à la faveur de mécanismes efficaces», indiquant que cette démarche «a été entreprise à travers la préparation à la création d'un comité indépendant auprès de l'Anie, chargé de l'audit et du suivi de l'opération électorale». Créé en vertu de la loi électorale, ce comité est à même de «renforcer les capacités de l'Anie en matière d'organisation et de contrôle de l'opération électorale en toutes ses étapes», a noté Mohamed Charfi. La création de ce comité indépendant est contenue dans le projet d'ordonnance portant loi organique relative au régime électoral, approuvé lors du dernier Conseil des ministres. Ce comité sera composé de représentants des instances en mesure de veiller au respect de l'éthique et de la bonne gouvernance de l'Etat. Il s'agit du Conseil d'Etat, de la Cour des comptes et de la Cour suprême. Il revient à ce comité d'«examiner et à mettre la lumière sur l'opération de financement de toute la campagne électorale, et ce pour plusieurs mois». Dans son intervention, à l'issue de l'approbation du projet d'ordonnance portant loi organique relative au régime électoral, le président Abdelmadjid Tebboune avait affirmé «l'impératif de bannir, dans toutes les étapes du processus électoral, l'argent sous toutes ses formes, notamment l'argent sale, en concrétisation du principe d'égalité des chances entre candidats» ainsi que «de moraliser la vie politique en barrant la route à toute tentative de manipulation consacrée par l'ancien Code électoral». Dans ses orientations, le chef de l'Etat avait insisté sur le nécessité de «recourir aux commissaires aux comptes et comptables agréés issus des wilayas mêmes des candidats pour le contrôle minutieux des sources de financement». En effet, les dispositions de loi organique relative au régime électoral prévoient un système de financement des campagnes électorales inspiré par la transparence des financements avec l'établissement d'un compte de campagne, la maîtrise du montant des dépenses, et le contrôle des comptes de campagne. À ce sujet, il y a lieu de rappeler que les candidats en lice sont tenus de déclarer les sources de financement de leurs campagnes électorales afin de garantir un processus électoral régulier et transparent. D'autant que des «investigations» seront menées par l'Anie, dans ce sens, y compris a posteriori. En cas de soupçons, des enquêtes pourront être déclenchées, même, six mois après la tenue de l'élection. Gare aux contrevenants!