Michel Platini a retrouvé depuis, hier, la justice suisse, comme suspect dans l'affaire qui a brisé son parcours dirigeant, avant de témoigner, demain, dans un dossier distinct visant le patron de la FIFA, Gianni Infantino. Peu avant 9h, sous un ciel mêlant pluie et neige, le triple Ballon d'or s'est engouffré dans le bâtiment du ministère public de la Confédération (MPC) à Berne, accompagné de son avocat Dominic Nellen. Il doit répondre jusqu'à aujourd'hui au procureur Thomas Hildebrand, qui le poursuit pour un paiement suspect de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros), aux côtés de l'ancien président de la FIFA, Sepp Blatter. Selon le parquet, il s'agira de l'ultime audition du Français «avant la clôture de l'instruction», d'après le parquet. Platini sera ensuite soit mis hors de cause, soit renvoyé devant un tribunal pour y être jugé. Le numéro 10 légendaire des Bleus est soupçonné d'«escroquerie», «gestion déloyale», «abus de confiance» et «faux dans les titres», des accusations élargies en novembre et passibles de 5 ans de prison. Sepp Blatter devait également être entendu pour cette affaire mais il est convalescent après avoir été hospitalisé en décembre et janvier, selon son entourage. Anciens alliés devenus rivaux, Blatter et Platini ont toujours affirmé qu'il s'agissait d'un reliquat de paiement pour un travail de conseiller effectué par le Français entre 1999 et 2002. Selon les deux hommes, l'accord entre eux remonte au printemps 1998: Sepp Blatter, entré à la FIFA en 1975 comme directeur du développement mais dépourvu de légitimité sportive, cherchait l'appui de l'ex-champion pour prendre la tête de l'instance. Mais la Fifa déplore l'absence de contrat écrit mentionnant à l'époque une telle rémunération, et en réclame à Michel Platini le remboursement. Il existe certes une «convention» écrite, signée en 1999, mais elle ne prévoit qu'un salaire annuel de 300 000 francs suisses pour Michel Platini. Platini comme Blatter ont depuis expliqué cette incohérence en évoquant les «problèmes de liquidité» que connaissait à l'époque la FIFA. Ils auraient donc oralement prévu que le complément de salaire serait versé par la suite, négligeant simplement de le préciser par écrit, relatait le Tribunal arbitral du sport dans une décision rendue en 2016. Fauché en pleine ascension, Michel Platini est convaincu d'avoir été victime d'un complot monté par Gianni Infantino, son ancien adjoint lorsqu'il dirigeait l'UEFA, pour l'écarter de la course à la présidence de la FIFA.