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«Le concept de l'élite s'est apparenté au virtuel»
Bouzid Boumediène, secrétaire général du Haut Conseil islamique, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 21 - 03 - 2021

Dans cette interview, Bouzid Boumediène nous livre le fond de sa pensée au sujet de la menace extérieure qui pèse sur notre pays, en tant que secrétaire général, mais aussi, en tant qu'intellectuel patriote, totalement décomplexé. Le deuxième homme du Haut Conseil islamique ne mâche pas ses mots, quand il s'agit de préserver les intérêts suprêmes de la nation. Pour lui, l'élite qui a un rôle majeur à jouer dans la préservation des intérêts de la société et du pays, doit impérativement s'impliquer dans cette bataille qui engage toutes les ressources du pays.
Faisant peu cas des réserves protocolaires, il aborde la question avec une franchise et une intransigeance sans commune mesure. Sans remuer le couteau dans la plaie, il étale, sans complaisance, ses analyses en pointant du doigt les failles et les manquements. Pour lui, certaines institutions rattachées à la Présidence restent sans vie vis-à-vis des mutations sociales et culturelles. Il nous livre également dans cet entretien, sa vision de la stratégie globale à mettre en oeuvre pour mettre un terme à ces menaces.
L'Expression: Face à la guerre de 4ème génération qui guette notre pays, dans cette difficile conjoncture, peut-on dire que l'élite est, aujourd'hui, absente de la scène politique quand il s'agit de la stabilité du pays?
Bouzid Boumediène: L'élite englobe un groupe élargi de techniciens, scientifiques, médiatiques et religieux. C'est-à-dire qu'elle ne concerne pas uniquement ceux qui produisent du sens, mais touche également ceux qui pratiquent des professions scientifiques et technocrates... Si Gramsci a cité l'intellectuel organique, du sens engagé avec les questions de sa société... Ce qui a été illustré par les événements de mai 68 en France, où les étudiants ont été la locomotive de l'insurrection... Vient à partir de là, la question du bloc historique, qui a vu l'exemple de l'Egypte en 1952, avec les officiers libres... Néanmoins, avec les événements des printemps arabes, le concept de l'élite s'est apparenté aux groupes virtuels. C'est-à-dire, les élites qui utilisent l'image et les réseaux sociaux, visant le changement. Une élite d'information utilisant du contenu, exploitant les techniques de réseaux sociaux, mais qui n'a pas besoin de théories ou d'un niveau scientifique donné ou d'enseignement supérieur. Il faut dire que des élites ont été surprises et prises de court par ces événements en Algérie (Hirak), et ne l'avaient pas anticipé. Il y eut, en Algérie, deux événements majeurs que l'élite n'avait pas anticipé (événements de 90 et Hirak). Entre ces deux périodes, une grande partie de l'élite a été domestiquée. C'est pour cela, le rôle de l'élite a été victime de sa position historique et sociale, et le besoin d'espaces scientifiques libres et l'indépendance financière, comme les laboratoires de recherches et de réflexion stratégique indépendants...
Quelle est, justement, le rôle de cette élite dans cette cyberguerre?
La cyberguerre se base sur deux aspects distincts, le financement et la maîtrise de l'information, ainsi que son adaptation et sa reproduction. L'Algérie paye, aujourd'hui, le prix de son retard dans la maîtrise technologique et numérique. Nous n'avons pas pu produire un paysage médiatique développé, et la vision classique de certaines parties officielles à l'échelle de l'Etat est restée figée. L'information de masse ou les médias de masse englobent les deux facettes de l'information classique et moderne avec des technologies sophistiquées. Dans cette optique, il est mis l'accent sur les sens, qui sont aujourd'hui, une extension virtuelle des sens biologiques et naturels de l'homme, comme le stipule Herbert Marshall Mc Luhan, théoricien de la communication ou le père du village global, et l'un des fondateurs des études contemporaines sur les médias... C'est une extension d'un organe, d'un sens ou d'une faculté humaine, à travers un événement médiatique, une image ou une courte vidéo YouTube, qui allie entre la couleur, la parole et le mouvement.
Cela s'accompagne par des études des nations et des peuples, afin d'en connaître les passions et les points de faiblesses (côté talon d'Achille), d'en manipuler les sentiments et la raison ou encore paralyser leur volonté, arriver à émietter leurs sociétés, d'exploser leurs identités. Comme cela est le cas, malheureusement, dans les pays arabes où le référent identitaire a été la première cible. Ce qui est pire que la colonisation de ces pays et la dilapidation de leurs ressources naturelles.
Quel est ce rôle que doit jouer le paysage médiatique dans le cadre de cette infoguerre et est-ce qu'il y a manquements dans cette optique, justement?
Les médias de réseau et les médias contemporains supposent une avancée technologique et une liberté dans la créativité et l'intelligence, ainsi que l'investissement dans les résultats des sciences sociales et littéraires. Cependant, si on reste dans la dimension des médias classiques ou traditionnels, on peut avoir des journaux et des canaux, d'une multitude inouïe, on n'arrivera jamais à influencer ou à assurer une sécurité médiatique, identitaire et culturelle pour ton pays. Tout comme le discours moral classique et désuet, ne peut produire d'effets sur les masses. Il y a également une troisième condition sine qua non, qui est l'absence d'idées dans l'édification du pouvoir ou de l'autorité. Ainsi, la force militaire et la richesse ne peuvent, à elles seules, la sécurité, la stabilité et l'unité escomptées... Le penseur algérien, Malek Bennabi estime que «le monde des idées a son rôle dans la naissance d'une société nouvelle». Alors que pour Michel Foucault, «il peut contribuer à édifier un Etat». Dans cette logique, la fabrication des idées et leur créativité exige des outils de persuasion, dont entres autres la charge esthétique, loin des formules littéraires, poétiques ou cinématographiques classiques. Aujourd'hui, elle sollicite l'image esthétique qui a ce pouvoir d'influence, à travers la narration persuasive et passionnée de notre histoire, par exemple. Tout en exploitant les technologies modernes dans cette optique.
Quand on parle de contenus algériens comme alternative aux campagnes permanentes d'infoguerre, comment doivent être ces contenus et est-ce que l'Etat, en tant que garant de la sécurité et la souveraineté nationales, a-t-il un rôle à jouer ou une influence dans cette solution globale?
La société ou la communauté de réseau se caractérise par la capacité de l'Etat à influer sur l'opinion publique. Rappelons-nous le rôle de certains gouvernements dans la réduction de l'influence de certains réseaux sociaux, lors des élections et dans l'orientation de l'opinion publique. Néanmoins, les pays comme le nôtre, ils peuvent faire les frais de groupuscules paramilitaires ou séparatistes, qui manipuleront les masses, à travers les passions et les sentiments, tout en s'adressant à la raison. Il n'y a qu'à citer comment Daech recrutait ses disciples, à travers ces espaces et réseaux sociaux, en empruntant le réservoir religieux, culturel et historique dans l'opération de recrutement. C'est pour cela qu'on s'attend à ce que le recrutement et la mobilisation se poursuivent, à travers des formes nouvelles, pas forcément religieuses, mais plutôt au nom des minorités religieuses ou identitaires, ou encore au nom de droits sociaux ou juridiques. À partir de là, le rôle primordial dans la lutte contre cette guerre de 4ème génération est la révision des méthodes anciennes, favoriser un climat de liberté et de créativité chez les citoyens et les patriotes, et la création d'un sentiment sincère chez ce dernier, à travers un sentiment de responsabilité vis-à-vis de tout dérapage touchant son intégrité et celle de son pays. Tout cela, pour qu'il soit mobilisé volontairement ou involontairement dans une guerre, qu'il pourra en payer le prix et où il y aura zéro mort.
Est-ce qu'il est possible d'imaginer des solutions pour mettre un terme à cette guerre cybernétique, et est-ce que la mise en place d'une stratégie nationale d'anticipation, dans sa philosophie, est à même de répondre à cette menace? Et quel rôle peut s'assigner le HCI dans ce contexte?
Certains conseils affiliés à la Présidence consomment des budgets sans rien produire ou proposer. C'est pour cela qu'une révision de leur fonctionnement et leur implication dans une nouvelle stratégie, sont primordiales. Elles peuvent fonctionner à la manière de centres de recherches think tank, avec une capacité d'anticipation, notamment dans la préservation de l'état de la précarité dans les questions de l'identité, la langue et les droits de l'homme. Par exemple, le Haut Conseil islamique peut se reconvertir en un espace de jurisprudence, par la création d'un système religieux intellectuel moderne, qui serait à même de préserver notre identité et lui permettra la continuité, ainsi que la cohabitation avec les autres cultures et civilisation. Une optique qui nous amènera également, à penser à nos communautés musulmanes dans l'Occident, et notamment en France. Nous avions, par le passé, organisé des conférences dans ce cadre.
Malheureusement, certaines de ces institutions et conseils ressemblent davantage à ces associations, qui s'accrochent à la célébration des fêtes nationales et l'hystérie médiatique, sans plus.


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