Le dernier pointage fait au niveau de l'Anie ôte tout doute sur la popularité des prochaines élections législatives auprès de très nombreux partis politiques et associations de la société civile. Les chiffres, non encore consolidés, font état déjà de plusieurs centaines de listes, entre partisanes et indépendantes, à avoir formulé l'intention de prendre part au prochain scrutin. Même si l'on ne sent toujours pas un engouement particulier sur le terrain et les réseaux sociaux, il est clair que la «vague» participationniste ne passera assurément pas inaperçue au regard du bouillonnement constaté dans les couloirs de l'Anie où les candidats à la candidature, souvent jeunes, mettent une ambiance singulière, qui tranche nettement avec les précédents rendez-vous électoraux. Outre «l'agitation juvénile» qui déteindra, à n'en pas douter, sur la campagne électorale, l'atmosphère au sein de l'Anie est «rafraîchie» par les questionnements un peu «naïfs» de la part des prétendants à la députation. Mais qu'on ne s'y perde pas. Les interrogations de rigueur pour des primo-participants ne signifient pas une démarche trop amateur. Les prétendants à la députation savent, pour nombre d'entre eux où ils mettent les pieds et certains transportent un bagage intellectuel et politique, susceptible d'étonner les observateurs les plus avertis. Les qualifications professionnelles assez pointues et des visions sociales et sociétales assumées, les jeunes candidats, dont les univers politiques divergent d'une liste à l'autre, forment déjà le spectre politique qui a cours dans la scène nationale. En effet, même s'il l'on n'est qu'aux premiers balbutiements du processus électoral des prochaines législatives, l'on peut constater la présence dans la future arène politique des profils islamistes, démocrates, nationalistes. Autant dire que toutes tendances qui «nourrissent» actuellement le Hirak seront bel et bien présentes lors des joutes législatives. Cela au niveau des listes de candidatures. Un cran plus haut, à savoir les formations politiques et les courants associatifs appelés à encadrer la campagne électorale, l'engouement est le même. L'impression que tout le monde peut gagner des sièges est omniprésente, puisqu'il n'y a que des visages nouveaux dans l'encadrement. Le militant du FLN, du RND ou encore du MSP n'offre aucune distinction, sinon, par son discours. Du seul fait qu'ils s'engagent pour la première fois dans l'aventure politique, pour l'écrasante majorité d'entre eux, les candidats à la candidature partent sur le même pied d'égalité. Cette «vague juvénile» qui pourrait, le cas échéant, prendre la forme d'un tsunami électoral emportant la vieille garde partisane, apporte avec elle une autre fraîcheur, celle des candidatures féminines, qui plus est, universitaires. Un double acquis pour la démocratie algérienne. Face à cet engouement qui ne tardera pas à s'imposer sur la scène médiatique et les réseaux sociaux, d'autres jeunes militent pour un autre programme. Les militants des partis ayant appelé au boycott, campent sur une position de refus systématique de toute autre démarche qui n'intègre pas le principe d'une Constituante comme seule issue à la crise. Ces jeunes-là forment également une bonne partie du spectre politique national, mais donnent l'impression de réfréner leur potentiel en s'engageant pleinement dans l'activisme politique, fait de discours et de slogans. Qu'à cela ne tienne, ils se préparent pour jouer leur rôle d'opposition «non institutionnelle». Ils pensent avoir le Hirak comme principale arme à brandir face au futur pouvoir législatif, qu'ils devront peut-être partager avec les députés issus des listes minoritaires. Rien n'interdit, en effet, une évolution de la situation politique dans le sens où les députés de l'opposition viendraient grossir les rangs des manifestations hebdomadaires. En tout état de cause, et à bien voir les premiers jours de ce qui s'apparente à un tour d'échauffement d'un côté comme de l'autre, la campagne électorale sera inédite, colorée et la bataille politique sera celle de la jeunesse, dans un esprit de respect mutuel. Les gagnants ne seront pas forcément ceux qui formeront le prochain Exécutif. Et pour cause, celui-ci ne sera pas ménagé par une opinion publique intransigeante.