Maintenant que le Conseil constitutionnel a rendu son verdict et qualifié cinq candidats à la présidentielle prochaine, il est peut-être opportun de voir les chances de victoire pour chaque postulant. A ce jeu Ali Benflis émerge du lot pour la wilaya de Bouira, lui qui compte une base militante qui l'avait soutenu quand il a eu le courage de se présenter contre Bouteflika. Une partie importante de la dissidence du FLN de l'époque avait rallié le fils de chahid, chaoui et nationaliste ce parti étant un important réservoir de voix pour le président de Talaïe El Hourriyete. «C'est un fils de chahid et bénéficie d'une légitimité historique, il a démissionné en qualité de ministre de la Justice, il reste l'unique opposant à son prédécesseur qui a tout fait pour le réduire à néant. C'est le candidat qui a le charisme et l'expérience», nous confie un citoyen qui estime le profil du candidat intéressant. Le second candidat qui peut compter sur une base partisane locale reste Azzedine Mihoubi, à travers les militants du RND restés assez «solidaires» dans cette wilaya. Les résultats de ce parti aux dernières législatives le placent devant son frère ennemi du FLN. Abdelmadjid Tebboune, dont on dit qu'il peut bénéficier des voix du vieux parti en raison de son poste au comité central du FLN. «Le vieux parti nous a habitués à pareille situation. Officiellement il annonce ne soutenir aucun candidat, mais dans les coulisses il tente de rester à la tête du pays», confie un observateur averti de la scène locale. «La base du FLN est derrière l'opération collecte de signatures à son profit», confie-t-on. Néanmoins, les frasques qui ont directement concerné l'ex-parti unique et l'arrestation de deux de ses dirigeants peuvent influer sur le choix de la base au profit de l'un de ses anciens cadres, à savoir Ali Benflis. Les deux autres prétendants que sont Belaïd et Bengrina n'ont pas de base militante active au niveau de Bouira. Ils pourront peut-être récolter quelques votes-sanctions, mais et c'est une certitude, ils ne feront pas le plein au niveau de la wilaya de Bouira. L'argument et la raison qui confirme cette certitude est l'absence jusqu'à hier d'une quelconque représentation au niveau de la wilaya. Si Tebboune, et ce n'est pas confirmé, pourrait éventuellement compter sur une députée FLN et un ex-membre APW FLN réélu sur une liste TAJ, Mihoubi, lui, est représenté par les adhérents du Rassemblement répartis à travers les 48 communes de la wilaya. Pour la rue qui reste le baromètre en pareille situation, la candidature la moins évidente est celle de Abdelmadjid Tebboune, en attendant le déroulement de la campagne électorale qui peut amener une évolution des intentions de vote. Concernant Ali Benflis, les commentaires tournent autour de son programme et sa volonté de réformer les institutions du pays, notamment. Mihoubi le candidat du RND, lui, est considéré comme un inexpérimenté qui est à la tête du Rassemblement à la faveur de la tourmente née de l'arrestation de son secrétaire national. Pour Bengrina et de l'avis de plusieurs « il est l'image de cet opportunisme qui a toujours entaché le champ politique national. Il a soutenu le cinquième mandat et aujourd'hui il crie son adhésion au Hirak », commente notre interlocuteur. Le dernier candidat, Belaïd Abdelaziz, qui a été le premier à se rendre chez le chef de l'Etat dès son installation, est « un pur produit du FLN de Boumediene. Toute sa carrière il l'a passé dans l'antichambre du pouvoir», commentent des électeurs de Bouira.