L'Arabie saoudite a proposé lundi un cessez-le-feu «global» pour mettre fin au conflit dévastateur au Yémen, proposition immédiatement rejetée par les rebelles Houthis, qui combattent depuis plus de six ans les forces du gouvernement, appuyées militairement par Riyadh. Le royaume, qui dirige une coalition au Yémen depuis 2015, a fait plusieurs propositions dont «un cessez-le-feu global dans tout le pays sous la supervision des Nations unies», a annoncé le gouvernement saoudien dans un communiqué. Les rebelles, soutenus par l'Iran, grand rival régional de l'Arabie saoudite, ont rejeté la proposition. «L'Arabie saoudite doit annoncer la fin de l'agression et lever complètement le blocus (sur le Yémen), car mettre en avant des idées discutées depuis plus d'un an n'a rien de nouveau», a déclaré un porte-parole des rebelles, Mohammed Abdelsalam, selon la chaîne de télévision Al-Massirah, contrôlée par les Houthis. Riyadh a également proposé lundi de rouvrir l'aéroport de Sanaa, la capitale yéménite tenue par les rebelles depuis 2014, et de relancer les négociations politiques entre le gouvernement yéménite et les Houthis, est-il ajouté dans le communiqué. Les rebelles avaient récemment fait de l'ouverture de tout l'espace aérien et maritime du Yémen, sous contrôle saoudien, une condition préalable à tout processus de dialogue. Sans surprise, le gouvernement yéménite a quant à lui salué l'initiative saoudienne, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Nous voulons que les armes se taisent complètement», a déclaré à la presse le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, lors d'une conférence à Riyadh. «L'initiative prendra effet dès que les Houthis l'auront acceptée», a-t-il ajouté. En avril 2020, la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite avait annoncé un cessez-le-feu temporaire au Yémen pour empêcher la propagation du coronavirus, mais les rebelles avaient rejeté cette initiative, la qualifiant de manoeuvre politique. La dernière proposition de Riyadh intervient dans un contexte de recrudescence des attaques de drones et de missiles menées par les Houthis contre le royaume, notamment contre ses installations énergétiques. Les Houthis mènent aussi depuis début février une offensive acharnée pour s'emparer de Marib, région pétrolière et dernier bastion du gouvernement dans le nord du pays, largement aux mains des rebelles. La perte de Marib serait un coup dur pour le gouvernement et Riyadh, mais également une menace pour les civils, au moins un million de déplacés ayant trouvé refuge dans des camps de la région. Les combats ont par ailleurs fait des dizaines de morts dans les deux camps. La prise de la ville stratégique permettrait aux rebelles de disposer d'une nouvelle source de revenus et d'une position de force lors d'éventuelles négociations. Ces derniers jours, les rebelles se sont emparés d'une position stratégique à l'issue de combats intenses. Marib est «en danger», avait indiqué un responsable militaire loyaliste, malgré la force de frappe de la coalition. L'aviation de la coalition a mené plusieurs raids sur les positions rebelles, qui ont répondu vendredi par une attaque de drones à Riyadh, ayant provoqué un incendie dans une raffinerie de pétrole. L'Arabie saoudite mène depuis dimanche un exercice naval dans le Golfe afin de renforcer la sécurité de ses champs pétroliers, ont indiqué les médias d'Etat, précisant que le géant Saudi Aramco y prenait part. L'Arabie saoudite n'a pas réussi à écraser la rébellion au Yémen depuis 2015 mais la guerre a plongé ce pays très pauvre dans la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU, avec une population au bord de la famine généralisée. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes, selon des organisations internationales.