Les mouvements de protestation qui se sont tus depuis l'apparition de la pandémie de Covid-19, viennent d'être «déconfinés» et l'Algérie va renouer, dès aujourd'hui, avec les grèves. Les travailleurs de multiples secteurs, contraints à de nombreux sacrifices durant cette dure période de crise économique doublée par la crise sanitaire, ne semblent plus avoir la force de faire face aux difficultés. Leur marasme remonte à la surface et reflète le malaise social généralisé. Au moins trois grèves sont annoncées pour cette semaine. En premier, les travailleurs des impôts qui ont décidé d'entamer, aujourd'hui, un débrayage de 3 jours. Leur syndicat Safi réclame, entre autres, de faire sortir le secteur du giron de la Fonction publique et de meilleures conditions de travail. Il affirme que la situation socioprofessionnelle est déplorable et ne supporte pas davantage de tergiversations. Pour le secrétaire général du Safi, «il est inadmissible de traiter des milliards et de toucher des miettes à plus forte raison que les salaires de certains fonctionnaires ne dépassent pas les 20 à 25 000 DA». Les travailleurs des impôts exigent donc une augmentation de salaire. Ils ne sont pas les seuls puisque les employés de l'Agence nationale de l'emploi (Anem) ont décidé d'organiser demain, plusieurs sit-in devant le ministère du Travail et ses directions de wilayas réclamant la satisfaction de leurs revendications matérielles et morales. Une action qui sera suivie par une grève nationale ouverte, selon le syndicat de cette corporation. Le malaise dans le secteur de l'éducation est, lui aussi, de retour. La Coordination nationale des enseignants du cycle primaire a annoncé son intention de paralyser les établissements de ce palier de l'Education nationale sur tout le territoire national, ce mercredi 30 mars. Des rassemblements et des sit-in seront également programmés pour appeler la tutelle à respecter ses engagements en satisfaisant la plate-forme de revendications dont, notamment la question liée à l'application du décret 14/266 avec effet rétroactif. Ce décret, promulgué en 2014, fixe la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Il s'agit aussi de salaire. Il n'a pas encore fixé de date mais le personnel de la santé bout et menace à son tour de renouer «à partir de cette semaine» avec la contestation en raison des retards injustifiés dans le versement des primes Covid-19. Le bureau du Snpsp dirigé par Lyes Merabet soulève également d'autres problèmes socioprofessionnels tels que la non-application de l'assurance de l'ensemble des travailleurs du secteur, les incitations au départ à la retraite ou encore l'octroi de la prime décès au profit des familles des martyrs du devoir professionnel. Au moins trois importants secteurs donc risquent d'être paralysés. Et il ne s'agit là que de la colère des travailleurs. Et si à cette colère venait s'ajouter celle de ceux qui ont perdu leurs emplois. Ces derniers sont pas moins d'un demi-million! Même les familles aussi pourraient exprimer leur ras-le-bol face à une inflation en nette hausse, un niveau de vie en chute libre, des pénuries, des coupures d'eau ou encore l'indisponibilité de liquidités...Un tout qui rend leur quotidien cauchemardesque. En fait, malgré les mesures d'aides prises par les autorités pour assister les personnes impactées par la crise, cela semble être dérisoire par rapport à l'ampleur des préjudices subis. Un plan d'urgence clair de redressement de l'économie nationale est nécessaire car la situation complexe que traverse le pays risque de devenir beaucoup plus alambiquée. Cela sera-t-il possible alors que le gouvernement Djerad a moins de 3 mois de vie. Un temps court durant lequel il ne pourra établir aucune stratégie, étant sur le départ. Les citoyens vont-ils pouvoir attendre encore pour voir leur situation s'améliorer? Ces mouvements de protestation qui se multiplient semblent être des indicateurs qui ne trompent pas sur l'accroissement du marasme. Un marasme qui pourrait se transformer en explosion sociale.