Son nouveau roman intitulé «Icenga n talsa» a été publié aux éditions Achab, une maison d'édition spécialisée dans tout ce qui a trait à l'amazighité, langue, culture, identité et histoire. Le choix d'une telle maison d'édition n'est pas fortuit. Cette dernière est dirigée par le célèbre militant et chercheur en langue et culture amazighes Ramdane Achab qui choisit soigneusement et selon des critères très rigoureux les publications auxquelles il accorde son label. De nombreux écrivains en langue amazighe, ayant pignon sur rue, ont publié leurs romans chez Achab-éditions à l'instar de Aomar Oulamara, l'un des auteurs les plus prolifiques et les plus talentueux en langue kabyle. Rachida Ben Sidhoum a donc eu cette chance de se faire publier dans une maison d'édition qui est une référence en la matière. Mais ce n'est pas seulement de la chance. Influencé par la société kabyle C'est aussi et surtout le fruit d'un long travail d'écriture ayant duré des années et qui a abouti à un roman qui se lit d'une traite et qui enrichit, de manière indéniable, la bibliographie amazighe qui ne cesse de se diversifier ces dernières années avec l'entrée sur scène de nombreuses écrivaines-femmes, venant s'ajouter aux pionniers que sont Amar Mezdad, Rachid Alliche, Salem Zenia, Brahim Tazaghart, Mohand Ait Ighil et Ahmed Nekkar, entre autres bien sûr. Pour écrire ce second roman, Rachid Ben Sidhoum s'est largement inspiré des fléaux et des phénomènes que vit la société algérienne et kabyle en particulier, durant ces dernières années. «Il s'agit d'événements dramatiques que vit la société kabyle, plus particulièrement ces dernières années», nous confie Rachida Ben Sidhoum qui a fait partie des écrivaines ayant pris part, le 8 mars dernier, à la journée portes ouvertes sur le roman amazigh féminin organisée par la librairie «Cheikh-Multi-livres» de Tizi Ouzou. Parmi les fléaux abordés dans le roman, ,«Icenga n talsa» de Rachida Ben Sidhoum, on peut citer celui du kidnapping dont ont été victimes ces derniers temps les enfants en bas âge. Il s'agit d'événements dramatiques que les familles subissent de plein fouet et qui finissent parfois par des assassinats. «Icenga n talsa» se veut aussi un hommage aux femmes assassinées durant les années de terrorisme à l'instar de Katia Bengana, de Nawal Zanoun et de tant d'autres. L'auteure semble avoir été trop marquée par les tragiques événements des années 90, notamment les assassinats d'intellectuels. Elle cite tout particulièrement l'écrivain-poète et journaliste Tahar Djaout, ravi aux siens alors qu'il n'avait que 39 ans et qu'il était au summum de sa création littéraire. Contre l'oubli «Dans ce roman, j'ai voulu transmettre un message selon lequel on ne doit pas tomber dans le piège de l'amnésie. Nous ne devons en aucun cas oublier ce qui s'est passé durant les années 90», souligne l'écrivaine Rachida Ben Sidhoum. «Icengan n talsa» est un roman émouvant, mais réaliste. Il se lit d'une traite malgré des passages entiers qui peuvent remuer le couteau dans la plaie pour les lecteurs potentiels touchés de près ou de loin par le genre d'événements tragiques que décrit l'auteure. Rachida Ben Sidhoum fait aussi découvrir au lecteur une langue kabyle originale et authentique ainsi qu'un style d'écriture très élaboré. Il faut préciser que Rachida Ben Sidhoum, originaire du village Dama dans la région d'Iboudraren, est l'auteure de plusieurs livres en langue amazighe publiés ces dernières années. On peut citer son recueil de poésie intitulé «Keltouma yemma taâtizit» paru en 2016, «Init-as i gma» (éditions Imru) et «Lhif d usirem» aux éditions Identité-Tamagit. Ce dernier est son premier et il a été publié en 2018. Rachida Ben Sidhoum est l'auteure d'un recueil de poésie co-écrit avec une auteure roumaine, Mariana Bendo.Ce livre a été édité en Roumanie. Sa publication an Algérie fait partie des projets de Rachida Ben Sidhoum qui est également en train de fignoler son troisième roman. En tamazight bien sûr.