Un vent de colère souffle sur l'Algérie. Les appels au débrayage se succèdent, dans plusieurs secteurs sensibles. Le passage à l'acte de la protestation confirme «le malaise» qui y règne. Deux secteurs névralgiques étaient, hier, secoués par des mouvements de débrayage. Le bras de fer s'est en effet durci entre la tutelle et les enseignants du primaire. Ils étaient plusieurs dizaines d'enseignants à se rassembler, depuis les premières heures de la matinée d'hier, devant l'ancien siège du ministère de l'Education nationale, à Alger. Leur sit-in de protestation se voulait être l'expression d'un ras-le-bol de leurs conditions socioprofessionnelles «déplorables», selon leurs propos. Cette action de protestation symbolique n'est pas la seule qui a marqué, hier «la maison de l'éducation». Les établissements du primaire de plusieurs wilayas du pays ont été désertés par les élèves. Les enseignants grévistes demandent la modification de leur statut particulier, de sorte à reclasser les enseignants du secondaire, du moyen et du primaire, à la même catégorie de base. Ils réclament également «l'application immédiate du décret présidentiel N° 266-14 avec effet rétroactif et la création de nouveaux grades d'enseignants pour les matières scientifiques, littéraires et l'éducation physique». Les fonctionnaires des impôts ont bouclé hier, leur troisième jour de grève. Le secteur est «sérieusement secoué», selon le Syndicat autonome des fonctionnaires des impôts (Safi). Cette organisation syndicale considère que «son mouvement a paralysé l'opération de vente de vignettes automobiles». «Chose qui a poussé la tutelle à prolonger le délai d'acquittement des vignettes automobiles dont le dernier délai était annoncé pour la journée d'hier», estime le secrétaire général du Safi, Hamid Boualleg. Contacté, hier, par L'Expression, ce dernier dénonce la sourde oreille de la tutelle. Comme témoignent les photos exhibées sur la page facebook dudit syndicat, le mot d'ordre a eu un large suivi, à travers les différentes wilayas du pays. Hamid Boualleg nous a déclaré, dans ce sillage que «la mobilisation s'est intensifiée durant les deux journées de grève de mardi dernier et hier». «Le taux de suivi a atteint les 85%, alors qu'il était de l'ordre de 80% durant la première journée de grève», a déclaré le SG du Safi. Notre interlocuteur nous dira également que «les structures de toutes les wilayas ont été plongées dans une tension». Boualleg, n'a pas manquer d'appeler «une énième fois la tutelle à remédier «concrètement» à leur situation socioprofessionnelle. Il n'a pas exclu le recours à une deuxième action de protestation, au cas de non-prise en charge des revendications. Il se fixe même un rendez-vous, «d'ici une vingtaine de jours». «L'option de la grève» a-t-il poursuivi, «n'est pas encore tranchée, mais le bureau syndical va se réunir ce samedi». Cela avant de faire allusion à «l'obligation» de recourir à la pression afin que les choses avancent, pour les fonctionnaires des impôts. Ces derniers réclament une augmentation de salaire. Certains fonctionnaires ne dépassent pas les 25 000 DA, affirme le Safi. Les protestataires réclament également le versement de la prime relative au FRC, (fonds de revenu complémentaire), la révision du Code fiscal actuel, plus de moyens financiers et humains. Un nouveau bras de fer se profile à l'horizon, celui des blouses blanches. Leur mouvement de débrayage promet d'être plus large. Il devra être entamé par une grève nationale, prévue le mercredi 7 avril prochain, à laquelle ont appelé trois syndicats, à savoir, la Snechu, le Snpsp et le SAP. Les revendications des blouses blanches sont autour de la «non-concrétisation des mesures annoncées par le président Abdelmadjid Tebboune», selon le communiqué commun des trois formations syndicales. Le malaise est palpable dans le reste du pays. Les choses s'expriment différemment dans la forme et dans le fond. Il y a un risque d'explosion sociale.