Masques, files d'attente, gel hydro-alcoolique, crise sociale... Malgré les contraintes, les consommateurs seront-ils au rendez-vous des soldes qui démarrent du 7 avril au 13 mai, soit une semaine avant le mois de Ramadhan jusqu'au 2e jour de l'Aïd El Fitr? Dans quel contexte et sous quelles conditions? Selon un communiqué du ministère du Commerce, les soldes seront autorisées au niveau des locaux commerciaux, des foires et des espaces commerciaux réservés à cet effet. Conjoncture socio-économique oblige, le ministère du Commerce précise que dans le cadre des préparatifs de cette occasion religieuse et en facilitation des procédures administratives, «les agents économiques sont, exemptés à titre exceptionnel, des demandes d'autorisation pour l'exercice de cette vente».Normalement, tout le monde devrait trouver son compte. Les rabais devraient permettre aux commerçants, dont les stocks de vêtements s'accumulent, d'écouler leurs marchandises. Ecouler les stocks invendus au plus haut est une question de survie pour certains. Entre ristournes et réductions, aux petites bourses de dénicher la bonne affaire à des prix défiant toute concurrence. Le problème avec les soldes, surtout que généralement ce sont les vieux stocks qui sont vendus, c'est celui des tailles des vêtements. Au soulagement d'échapper à un confinement, succède l'angoisse des achats. Et le maintien pour 15 jours du confinement partiel à domicile dans neuf wilayas du pays avec un réaménagement des horaires de 23 heures à 4 heures le lendemain risque de compliquer la fréquentation des magasins d'habillement. À moins qu'entre-temps, le gouvernement décide de lever totalement les mesures de confinement à travers le territoire national. Ainsi, toutes les enseignes espèrent réduire au plus vite le stock de vêtements qui s'accumule en magasins. Toutefois, cette année, le choix risque d'être limité et le nombre de clients également. Car, faute d'avoir le moral, de trajets métro-boulot-dodo et de vie au bureau, les consommateurs n'ont, ni craqué pour une robe à paillettes, ni renouvelé leur doudoune, ni changé de costume. Une tradition qui semble s'éterniser. D'ailleurs, les commerçants ne comptent pas sur un miracle, mais espèrent tout de même finir en douceur une année bousculée par la crise sanitaire. D'autant que selon le délégué national aux risques majeurs auprès du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Hamid Afra, la pandémie de Covid-19 avait engendré la perte de plus d'un million de postes de travail en Algérie. S'exprimant lors de la Conférence nationale sur la stratégie de prévention contre les risques majeurs, le responsable a précisé que parmi ces emplois perdus, 500 000 sont des emplois directs. À ces pertes d'emplois vient se greffer la flambée des prix des produits de large consommation, très demandés durant le mois de Ramadhan. D'ailleurs, plus de 300 points de vente seront mis en place, au niveau des offices relevant du secteur de l'agriculture et du développement rural, en vue d'assurer la disponibilité de produits agricoles durant le mois de Ramadhan, a annoncé le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Néanmoins, la flambée des prix a déjà érodé le pouvoir d'achat des ménages. Conséquence: les Algériens vivent des fins de mois de plus en plus difficiles, entre changement des habitudes, privations ou dettes. La faute à une inflation constatée. Des bourses et des consommateurs en moins. Les potentiels clients trouveront-ils le temps de faire un saut dans leurs boutiques préférées dans un contexte où la vigilance contre la propagation du Covid-19 devrait rester de mise? Rien n'est sûr. Même si l'opération de vente promotionnelle et de soldes concerne «les biens et les produits convoités par le citoyen, tels que les denrées alimentaires, les légumes et les fruits, la viande de toutes sortes, les fruits secs, les ingrédients pour les gâteaux, les vêtements et les chaussures, ainsi que les appareils électroménagers, les ustensiles et autres». Pas de quoi appâter le consommateur!