La contrebande entre les deux pays est de sept à dix fois plus importante que les échanges commerciaux bilatéraux. La douane marocaine a procédé jeudi près de Nador (nord-est) à la saisie de six camions chargés de 80 tonnes de blé de contrebande en provenance d´Algérie. La marchandise et les véhicules ont été confisqués entre Hassi Berkane et Machrba Hammadi (50 km au sud de Nador) par des unités mobiles de la douane. Le blé était destiné en fait à diverses minoteries de la province de Nador. La contrebande de différents produits entre le Maroc et l´Algérie demeure toujours prospère à travers les frontières terrestres du nord des deux pays et ce, en dépit de leur fermeture depuis 1994 et malgré l'intensification des contrôles douaniers. Les contrebandiers algériens vendent notamment de l´essence et des denrées alimentaires subventionnées, alors que les Marocains trafiquent des produits agricoles, de la monnaie étrangère dont l´euro ainsi que des pièces détachées. La contrebande entre les deux pays est de sept à dix fois plus importante que les échanges commerciaux bilatéraux. Auparavant, le trafic de produits pétroliers constituait l'activité principale des frontaliers des deux côtés des frontières. Aujourd'hui, tout se vend et tout s'achète, à telle enseigne que la liste des produits prisés par les contrebandiers ne fait que s'allonger. En fait, tout produit à même de rapporter de l'argent peut faire l'objet de contrebande. Bien évidemment, les produits qui rapportent le plus sont le plus souvent au centre de ce trafic. C'est le cas notamment du gas-oil. Vendu à 13,50 DA le litre dans les stations-service de Maghnia, il est très convoité par les Marocains. Et pour cause: au royaume alaouite, le litre de gas-oil coûte pas moins de 7 dirhams, soit l'équivalent de 70 DA environ. Une telle différence de prix a poussé bien des habitants de la région frontalière de Maghnia à se spécialiser dans la contrebande de carburant. L'autre produit national qui intéresse tant les réseaux de contrebande est sans conteste le médicament. Avec ses prix nettement inférieurs à ceux pratiqués au Maroc, il est fortement demandé sur le marché de la contrebande. A titre d'exemple, Nifluril est vendu dans les officines marocaines à 18 dirhams, soit 180 DA environ, alors que dans les marchés informels de Oujda qui s'approvisionnent auprès des réseaux de contrebande, il est proposé à partir de 8 dirhams, l'équivalent de 80 DA. Les produits laitiers nationaux tels les fromages et les yaourts sont également très prisés par les contrebandiers pour leurs prix fort intéressants. Pour ce qui est des produits marocains introduits frauduleusement dans notre pays, il s'agit surtout de téléphones portables, de jeans, de baskets, de boissons alcoolisées, de fruits et de légumes. Le phénomène prend de plus en plus de proportions au point que notre pays a décidé de renforcer le contrôle aux frontières. Désormais, tous les produits d'importation seront contrôlés au niveau des frontières, y compris les produits industriels. C'est l'objectif de la promulgation de deux décrets relatifs à l'étiquetage des produits alimentaires et au contrôle aux frontières. Ces derniers seront appliqués à partir du mois de juin prochain. Les nouveaux décrets permettront en fait d'élargir le champ d'action des contrôleurs au niveau des frontières, sachant que les dispositifs actuels sont obsolètes. Actuellement, il y a seulement 20 inspections aux frontières chargées d'assurer le contrôle de la qualité et de la conformité des produits alimentaires et cosmétiques importés. Un nombre qui demeure insuffisant devant la propagation du phénomène de la contrebande. Le ministère du Commerce annonce néanmoins le renforcement de ces services par la formation de 2000 agents de contrôle.