Il a été saisi et récupéré près de 200.000 litres, dont la plus grande partie aux frontières ouest du pays. Les trafiquants de carburant marocains, installés sur la bande frontalière ouest du pays, sont contraints de revoir leurs calculs à la baisse. Le quadrillage systématique de la zone extrême ouest, allant d'Oulahaça, Beni-Saf, dans la wilaya d´Ain Temouchent, jusqu´à Maghnia en passant par Ghazaouet, rattachés à Tlemcen, par la Gendarmerie nationale et les services des douanes, a eu pour effet de réduire les activités néfastes des «hallaba», ces convoyeurs algériens de carburant, essentiellement du gasoil, destinés à alimenter les réseaux marocains. Ces derniers, eu égard aux coups de boutoir et aux multiples saisies et récupérations de milliers de litres de ce produit, appréhendent la venue de l´été, période de forte demande de carburant, notamment de la part de touristes étrangers. Les Marocains, comme d´habitude, comptaient énormément sur le gasoil algérien, pour constituer des réserves à même de satisfaire cette demande. Cette année sera différente des autres puisque le carburant algérien parvient difficilement à traverser la frontière. Cette réalité est étayée par les différentes opérations menées dans les différents lieux dits frontaliers que sont Remblai, Boukanoun, Bab El Assa, Chaib Rassou, El Djor, El Bouhi et bien d´autres lieux familiers aux trabendistes des deux rives, ont permis, en l´espace des trois premiers mois de l´année en cours, la récupération ou la saisie de quantités estimées à 15.000 litres de carburant. Mais qu´en est-il des quantités parvenues aux villes marocaines voisines? Les milieux très au fait de ces trafics estiment que pour chaque litre récupéré, ce sont trois litres qui doivent obligatoirement passer la frontière, ceci pour permettre aux réseaux d´équilibrer leurs dépenses, en jouant sur la fameuse équation «pertes et profits», sachant que toutes les transactions se font en dinars algériens. Acheté à la pompe dans n´importe quelle station de service à 13,70 dinars le litre, le gasoil est revendu aux frontières, avant son «exportation», à 30 dinars maximum le litre. Une fois réceptionné et acheminé par camion, vers les villes marocaines, ce carburant est proposé entre 8 et 10 dirhams, soit l´équivalent de 100 dinars au change parallèle. Le trafiquant marocain réalise ainsi un gain qui varie entre 50 et 70 dinars le litre. Il y a quelques semaines, la Gendarmerie nationale a dressé un bilan de ses activités durant l´année dernière, indiquant que pour le seul carburant, il a été saisi et récupéré à l´échelle nationale, près de 200.000 litres, dont la plus grande partie aux frontières ouest du pays. Faites vos calculs! L´argent amassé par les Marocains est reconverti en dinars et sert à l´acquisition des autres produits algériens très prisés, tels que les produits alimentaires, les produits manufacturés et même toute la panoplie des équipements importés et disponibles en grandes quantités sur les marchés algériens tels que les démodulateurs, les ordinateurs et autres matériels dont les prix sont attractifs. La tendance du flux des marchandises est toujours à l´avantage des Marocains. Ces derniers viennent à la rescousse pour «inonder» les marchés, à chaque pénurie, d´oranges, de tomates et pommes de terre sans saveur. L´unité du Maghreb des ventres est ainsi scellée. Il y a quelques années, le cheptel algérien a connu une véritable saignée du fait que des milliers de têtes ovines qui ont été vendues de l'autre côté de la frontière. Les maquignons algériens, fuyant le diktat des groupes armés et des terroristes, ont préféré vendre leurs troupeaux à des prix dérisoires faisant le bonheur d´un réseau marocain spécialisé dans l´exportation de la viande algérienne à destination de... Tel-Aviv. Un comptoir a même été ouvert à Oujda pour assurer la prise en charge des troupeaux et le transfert des carcasses par voie aérienne. Les moutons algériens, nourris dans les pâturages des Hauts-Plateaux avaient une saveur particulière que prisaient les colonies de juifs originaires du Maghreb qui sont installées en Israël. Les observateurs considèrent que les trafiquants des deux bords vivent une situation difficile. Le maillage et le quadrillage des frontières est loin d´être une simple opération de contrôle mais faisant partie d´une stratégie mûrement réfléchie et bien «installée» dans le temps. Les routes du kif, du carburant et des pommes de terre peuvent être également celles des kalachnikovs, des PA et autres munitions pouvant alimenter les résidus des groupes armés. D´où cette vigilance extrême et permanente des services de sécurité combinés.