Décidément, l'affaire du mineur Chetouane Saïd n'a pas fini d'occuper l'actualité! Lundi dernier, on a assisté à un nouveau rebondissement: la victime a été placée dans un centre spécialisé dans la protection des enfants. C'est la juge des mineurs auprès du tribunal de Sidi M'hamed (Alger) qui a pris cette décision. Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed justifie cette décision par «des comportements contraires aux mesures prises auparavant en faveur de Chetouane Saïd». Il a rendu public un communiqué afin d'expliquer le déroulement des évènements qui ont mené à son placement dans un centre pour mineurs. «Le parquet de la République auprès du tribunal de Sidi M'hamed tient à préciser que ces mesures ont été prises qu'en parallèle aux poursuites judiciaires engagées contre les prévenus majeurs impliqués dans l'exploitation et l'instrumentalisation du mineur susnommé», indique ce communiqué. «Aussi, il a été procédé en date du 5/04/2021 à l'ouverture d'un dossier relatif à cet enfant mineur, exposé à un danger moral, devant la juge des mineurs», poursuit la même source. «Le magistrat a alors décidé, dans l'intérêt de l'enfant, de le remettre à sa mère en tant que mesure de protection prévue par la loi, notamment la loi sur la protection de l'enfance», soutient le même communiqué, précisant qu'il a été ordonné à sa mère de prendre toutes les mesures nécessaires à sa prise en charge et de veiller à son éducation. Toutefois, le parquet déplore le fait que la mère n'ait pas tenu ses engagements pris lors de la première audience. «Il a été constaté chez le mineur des comportements contraires aux mesures décidées en sa faveur par la juge des mineurs, et ce après avoir observé sa participation à des marches non autorisées en compagnie de personnes majeures et la poursuite de son exploitation et instrumentalisation», assure le procureur de la République près du tribunal de Sidi M'hamed. «Vu les réquisitions du parquet, Madame la juge des mineurs a procédé en date du 25/04/2021, au changement des mesures prises à l'encontre de l'enfant mineur en ordonnant son placement dans un centre spécialisé dans la protection des enfants», rétorque-t-il. Pour rappel, cette affaire a commencé le 3 avril dernier, date à laquelle l'adolescent de 15 ans a été interpellé avec d'autres personnes, lors d'une tentative de marche à Alger. À sa libération, dans la soirée de la même journée, le garçon a été filmé en pleurs. Il avait dès lors accusé des policiers de l'avoir «agressé sexuellement». La sûreté de la wilaya d'Alger a réagi le lendemain en annonçant l'ouverture d'une enquête. Quelques jours après, le procureur général de la cour d'Alger, Sid Ahmed Mourad, a animé une conférence pour donner les premières conclusions de l'enquête. «Le seul fait qu'il a rapporté (Saïd Chettouane) est d'avoir été poussé par un talkie-walkie avant d'être conduit au siège de la sûreté», a indiqué le même magistrat. Le 8 avril, cinq personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire. Il s'agit de Mohamed Tadjadit, surnommé le poète du Hirak et plusieurs fois détenu, Malik Riahi, également ancien détenu, Tarik Debachi, Soheib Debaghi et Noureddine Khimoud. Ils sont poursuivis pour «association de malfaiteurs», «diffusion de fausses informations de nature à troubler l'ordre public», «atteinte à la vie privée d'un enfant et son exploitation à des fins contraires à la morale», «incitation à la débauche» et «détention» de stupéfiants».