Au moment où les interrogations commencent à pleuvoir sur la réussite du processus de sortie de crise engagé en Libye, au lendemain du Forum de dialogue politique libyen (FDPL) tenu à Tunis, fin décembre 2020, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken est monté au créneau, mardi soir, pour réitérer le soutien des Etats-Unis au gouvernement d'union nationale issu de la feuille de route arrêtée par le FDPL et conduit par le Premier ministre Abdelhamid Debeibah. Washington exprime donc son appui à la mission et à la démarche des nouvelles autorités qui doivent organiser des élections générales (législatives et présidentielle) le 24 décembre 2021, c'est-à-dire dans six mois, et qui tentent, pour cela, d'arracher le retrait incontournable des mercenaires et autres forces étrangères répartis dans une dizaine de bases à travers le pays. «Les Etats-Unis ont réitéré au cours des réunions des ministres des Affaires étrangères du G7 leur soutien au nouveau gouvernement libyen et sa position favorable au retrait immédiat des mercenaires et forces étrangères de la Libye», a écrit Blinken dans son compte Twitter. Et il y ajoute que «son pays est aux côtés du peuple libyen en vue de trouver une solution politique au conflit». Autant dire que ce soutien ne constitue pas une surprise puisque les Etats-Unis n'ont pas cessé d'appeler à ce retrait des forces et mercenaires étrangers de la Libye et à la tenue dans les délais prévus des élections générales qui sont les priorités des nouvelles autorités libyennes. Mais il tombe à point nommé au lendemain de la rencontre entre les dirigeants libyens et la délégation turque composée des ministres des AE Mevlüt Cavusoglu et de la Défense Haluci Akar ainsi que du chef des Renseignements et de plusieurs autres officiers supérieurs, rencontre dont il semble qu'elle ait donné lieu à des prises de position peu conformes aux attentes des uns et des autres. La Turquie semble souffler le chaud et le froid, affirmant sa disponibilité à coopérer avec les nouveaux dirigeants et sa détermination à défendre la «légalité» dans une Libye divisée tout en posant des conditions au retrait de ses forces et des mercenaires qui les accompagnent, disant, pour résumer, qu'ils partiront lorsque les forces rivales en feront autant. C'est là, bien sûr, le même discours que tiennent lesdites forces rivales, de sorte que l'analyse du service de renseignement américain, dans le rapport annuel de 2020, pointe une «situation sécuritaire en Libye (qui) risque de devenir incontrôlable, à tout moment, durant l'année 2021, en raison de la présence des forces et mercenaires étrangers», et ce malgré les «développements positifs qu'a connus la Libye sur les plans politique, économique et sécuritaire ces derniers mois». Cependant, l'envoyé spécial de l'ONU, Jan Kubis, poursuit ses efforts et il a transmis, mardi, sa proposition au Forum de dialogue politique libyen (FDPL) pour aborder le débat autour de la nouvelle Constitution, instrument indispensable sans lequel les élections ne peuvent avoir lieu. Une réunion virtuelle du FDPL est prévue après les fêtes de l'Aïd al-Fitr pour en discuter la forme et le fond, dans un esprit de compromis et de consensus, insiste la Manul.