Pour la seconde fois, depuis janvier dernier, une importante délégation turque composée des ministres des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu et de la Défense, Haluci Akar, ainsi que du chef des renseignements et de plusieurs officiers supérieurs était, hier, à Tripoli où elle a eu des discussions avec le président du Conseil présidentiel Mohamed al-Manfi, et de ses adjoints Moussa al-Kouni et Abdellah al-Lafi. Les responsables turcs ont également eu un entretien avec le Premier ministre Abdelhamid Debeibah et la ministre des Affaires étrangères Najla al-Mangouch. Objet primordial de ces pourparlers, consacrés aux défis de la période de transition et aux voies et moyens de les surmonter, l'épineuse question du retrait des forces étrangères et des mercenaires, toujours présents dans le pays. Leur départ est considéré comme impératif par les Nations unies qui voient dans cette présence continuelle un risque important pour le déroulement du processus de sortie de crise engagé au lendemain de la réunion à Tunis, en décembre 2020, du Forum de dialogue politique libyen (FPL) qui a tracé une feuille de route en ce sens et fixé la date du 24 décembre prochain pour des élections générales décisives. Arrivée lundi à Tripoli, la délégation turque doit réexaminer avec les nouveaux dirigeants libyens les accords conclus avec le GNA de Fayez al Serraj, fin 2019, pour faire face à l'offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar contre Tripoli un 4 avril 2019, une offensive qui a tourné à la déroute après que Ankara eut envoyé des renforts militaires et des armes sophistiquées, notamment des drones. Aujourd'hui, le cessez-le-feu conclu par le comité militaire libyen 5+5, à Genève, en octobre 2020, résiste aux manoeuvres de sape et la route côtière qui relie la capitale à Syrte doit être réouverte incessamment, augurant par-là même d'une avancée remarquable du processus de sortie de crise, malgré quelques coups de boutoir comme le refus d'accueillir un Conseil des ministres à Benghazi, la semaine dernière, fomenté par les milices de Haftar. A la faveur de la conférence de presse commune entre la MAE Mme al-Mangouch et Mevlüt Cavusoglu, la Turquie a été clairement invitée à coopérer pour le départ des troupes étrangères et des mercenaires afin de permettre à la Libye de poursuivre sa marche vers la réconciliation et le retour de l'Etat dans toute sa souveraineté. «Nous appelons la Turquie à coopérer avec nous pour mettre fin à la présence de toutes les forces étrangères et des mercenaires afin de préserver la souveraineté de la Libye», a ainsi exhorté Mme al-Mangoush, qui souligne, par ailleurs, «l'importance de la contribution de la Turquie à la cessation des combats et à la stabilisation du cessez-le-feu dans tout le pays». Faute de quoi, estiment les Nations unies, il y aurait un risque évident pour les «développements positifs qu'a connus la Libye sur les plans politique, économique et sécuritaire, ces derniers mois». D'après l'ONU, la Libye compte encore quelque 20000 combattants étrangers entre forces militaires et mercenaires répartis dans une dizaine de bases étrangères.