Face aux tensions économiques et sociales entre 2021-2022, s'impose un discours de vérité loin des promesses utopiques facteurs de démobilisation. Dans ce cadre, notons la directive du président de la République en dernier Conseil des ministres ordonnant aux ministres l'interdiction de sortie afin de ne pas perturber la campagne électorale en espérant que soient mis fin à certaines déclarations loin de la dure réalité quotidienne des citoyens qui intensifient les tensions sociales, la population étant consciente de la gravité de la situation. Avec l'ère de l'Internet où le monde est devenu une grande maison de verre, la cité ne peut plus être gérée comme par le passé. Pour le cas Algérie, il ne faut pas être utopique, sans bonne gouvernance, la sécurité, la stabilité politique et sociale, l'on ne peut parler de développement. Les déclarations des responsables tant des ministères du Commerce, des Finances affirmant une appréciation du dinar et de la maîtrise de l'inflation, alors qu'avec la fin du Ramadhan les prix ont connu un niveau inégalé, que le dinar continue sa dépréciation avec des incidences inflationnistes (voir notre contribution www.google.com- avril 2021-Mesdames et Messieurs les minis- tres allons faire le marché ensemble). De la déclaration du ministre des Finances, à savoir le 29 avril 2021, que les crédits bancaires accordés par les établissements financiers en 2020, s'élevaient à 9500 milliards de dinars (73 milliards de dollars), que 75% de ces crédits, ont été destinés pour le financement des investissements, soit 54,80 milliards de dollars, montant énorme, sans préciser la structure, les destinataires, ni la part devises et la part dinars, le montant est en contradiction avec le taux de croissance négatif de moins de 6% en 2020. Les «perspectives» du FMI La dernière déclaration en date du 3 mai 2021 est celle du ministre du Travail après s'être substitué à la Présidence et aux affaires étrangères concernant les relations algéro-françaises, de la création de 200.000 emplois,alors qu'il est chargé d'un secteur non créateur d'emplois, qui est une impossibilité dans la conjoncture actuelle, et seulement pour le Bpth il y a eu pertes d'emplois de plus de 150.000. C'est une loi universelle, l'on ne créée pas d'emplois par des actes administratifs étant du seul ressort des entreprises créatrices de richesses (voir notre interview quotidien El Khabar difficile de réaliser une exportation de 5 milliards de dollars hors hydrocarbures 31/04/2021). Cela est corroboré par le rapport publié par le FMI intitulé «Perspectives économiques régionales au Moyen-Orient et en Asie centrale 2021», a prévu pour l'Algérie un taux de croissance, pour 2021,, de 2,9% et un PIB brut de 153,5 milliards de dollars, contre 200 en 2018 et 160 en 2019. La crise du Covid-19, a exposé les banques locales à dépasser 45% du total de leurs actifs bancaires avec une dette publique totale par rapport au PIB de 63,3%, contre 53,1% en 2020, et que la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% en 2020. Les dégâts causés par la crise sanitaire induite par la propagation de l'épidémie du coronavirus et par la chute des prix de pétrole, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 30% pour les catégories 20/30 ans et paradoxalement les diplômés. Quant aux start-up, il leur faut un environnement productif favorable étant des prestataires de services, ne pouvant donc évoluer dans le temps que dans un cadre stratégique clair, que si elles ont un marché. Or,, le tissu économique est caractérisé actuellement par plus de 95% étant des unités personnelles ou de petites Sarl à gestion familiale peu innovatrices dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%, la restriction des importations ayant occasionné des ruptures d'approvisionnement. où selon les organisations patronales plus de 50% des activités sont en sous-capacités. Le risque est de se retrouver avec le même impact négatif de faillites comme les nombreux projets de l'Ansej, ne devant pas mettre la charrue avant les boeufs. C'est que les données du commerce extérieur ne concernent que la balance commerciale alors que le document significatif est la balance des paiements incluant les sorties de devises des services. Le montant des services ont fluctué entre 10-11 milliards de dollars par an entre 2010-2019 accroissant les tensions financières, l'Algérie ne possédant pas à ce jour de véritables bureaux d'études pluridisciplinaires complexes, renvoyant à l'exode de cerveaux où une dernière enquête internationale d'avril 2021 est inquiétante, plus de 80% des compétences désirant s'expatrier et dans ce cas il est utopique de parler de l'économie de la connaissance où les discours sont en contradiction avec la réalité, le primat des salaires rente. Ce faible taux de croissance a des incidences sur le niveau des réserves de change, qui ont été en 2013 de 194,0 milliards de dollars, en 2018:de 79,88 milliards de dollars, en 2019: 62 milliards de dollars et fin 2020, entre 42/43 milliards de dollars. La fiscalité pétrolière Le gouvernement projette dans le PLF-2021, une amplification de sa dévaluation, 2022, 149,32 DA pour 1 USD et pour 2023 156,72 dinars un dollar. Cette dévaluation qui ne dit pas son nom permet d'augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportations hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finaux, montant accentué par la taxe à la douane s'appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité.. Quant aux taux officiel de l'inflation, selon les données officielles, cumulé, il a dépassé les 82% entre 2000-2020 et en redressant les taux de 20%, nous avons une détérioration du pouvoir d'achat durant cette période de 100% avec une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière où un fait nouveau, une partie de la classe moyenne commence à disparaître graduellement et à rejoindre la classe pauvre, l'inflation et c'est une loi universelle jouant comme facteur de concentration au profit des revenus variables et au détriment des revenus fixes. Une loi universelle Les tensions sociales, tant qu'il y a la rente, sont atténuées artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures qui permettent des subventions et transferts sociaux représentant 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021, mais mal gérés et mal ciblés. Ces tensions sociales sont également atténuées par la crise du logement qui renforce la solidarité familiale (même marmite, mêmes charges), assurant une paix sociale transitoire. L'effet d'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar, via la baisse de la rente des hydrocarbures, risque d'avoir un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales avec l'accroissement des inégalités sociales, l'extension de la sphère informelle, entre 33 et 45% de la masse monétaire en circulation selon des données officielles contradictoires, (60.000 et 10.000 milliards de dinars) dont le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever de plusieurs points, l'ajustant aux taux d'inflation réels, freinant à terme le taux d'investissement à valeur ajoutée. La stratégie hors hydrocarbures demande du temps, devant raisonner toujours en dynamique. Pour les PMI/PME, si le projet est lancé en 2021, sa rentabilité est pour 2024-2025; Pour les projets hautement capitalistiques comme le complexe de phosphate de Tébessa, le fer de Gara Djebilet et le phosphate, si l'on résout le problème du partenaire et du financement très élevé, n'étant encore qu'en intention pas avant 2027/2028.. Cependant, l'Algérie continue de bénéficier d'une marge de mouvement positive sur la dette extérieure, qui reste modeste, et qui selon le FMI, devrait atteindre 3,6% et 5,2% de la production respectivement en 2021 et 2022, contre 2,3% en 2020. En résumé, force est de reconnaître en ce mois de début mai 2021, malgré toutes ses potentialités, et elles sont énormes, la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l'économie et le corps social: Sonatrach, c'est l'Algérie et l'Algérie, c'est Sonatrach. Stratégie d'daptation Aussi, s'impose en urgence une cohérence et visibilité dans la politique économique et qui n'est possible que par des stratégies d'adaptation, et en approfondissant les réformes structurelles qui, forcément déplacent les segments de la rente, d'où de fortes résistances sociales des tenants de la rente qui versent justement dans la sinistrose pour bloquer les réformes. C'est un défi à la portée de l'Algérie afin d'éviter sa marginalisation et d'éventuelles tensions sociales. Ou l'Algérie, comme je l'avais noté lors d'une conférence devant les membres du gouvernement en novembre 2014, réalise cette transition nécessaire entre 2021-2030, ou elle ratera cette chance historique, ce qu'aucun patriote ne souhaite, avec l'épuisement les réserves de change horizon 2022, avec le risque d'une déstabilisation. C'est pour mettre fin à cette entropie qui devient inacceptable que j'ai signé la pétition avec de nombreuses personnalités d'Algériennes et d'Algériens soucieux, avant tout, des intérêts supérieurs du pays «contre toute» démarche qui menace la pérennité et la stabilité de l'Algérie». Sur le plan géostratégique, la région du Sahel connait un bouleversement géostratégique sans précédent, sans compter les nouvelles reconfigurations au Moyen-Orient, en Afrique et dans d'autres contrées du monde, les nouvelles stratégies sécuritaires et militaires à travers les nouvelles technologies (cyber-attaques) expliquant les efforts d'adaptation de l'ANP et de nos forces de sécurité chargées de protéger le territoire national. D'où l'urgence d'un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités, grâce à un dialogue productif pour relever les défis du nouveau monde, surtout revaloriser les compétences humaines, richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures. Concilier l'efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d'une économie ouverte, la maîtrise du temps étant le principal défi des gouvernants au XXIème siècle, constitue en fin de parcours, le défi principal de l'Algérie, entre 2021-2030. Le passage de l'Etat de «soutien contre la rente» à l'Etat de droit «basé sur le travail et l'intelligence» est un pari politique majeur impliquant un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la nation et l'Etat.