Des législatives du 12 juin prochain, il ne nous en sépare plus que la campagne électorale qui débutera ce jeudi. Dans ce scrutin, il va y avoir beaucoup de nouveautés. Déjà, il s'agira du premier rendez-vous de l'ère Tebboune où le peuple aura à élire ses représentants. Il s'agira aussi de la première élection qui sera soumise à la nouvelle loi électorale. Un scrutin qui va dévoiler les nouveaux partis politiques et leurs candidats tout aussi novices. Ce sont ces derniers qui vont offrir à la prochaine législature son visage non pas seulement neuf, mais jeune et féminisé. Les membres de la prochaine Assemblée populaire nationale dont le nombre sera revu à la hausse avec 73 nouveaux députés à occuper un siège à l'hémicycle, seront élus avec le nouveau mode de scrutin de «la liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel sans panachage». Il s'agit d'un tournant et un changement radical dans lequel le choix de l'électeur «ne peut être orienté ni falsifié», comme l'a déclaré le ministre de la Communication. Avec ce nouveau mode de «liste ouverte», l'électeur a la possibilité de voter pour sa liste de candidats favoris, fournie par les partis et les indépendants, en ayant la liberté de classer les candidats selon son ordre de préférence. L'électeur pourra désigner n'importe quel candidat figurant au bas de liste par exemple au lieu du candidat de la tête de liste. Un mode opératoire qui devra mettre fin à la corruption politique qui a affecté les élections précédentes où les têtes de listes des grands partis et des indépendants avaient été attribuées en échange de pots-de-vin aux dirigeants. La nouvelle loi électorale se distingue également par la limitation à deux des mandats parlementaires même par effet rétroactif puisque son article 200 stipule clairement que parmi les conditions qui doivent être remplies par le candidat à l'APN, il est précisé qu'il s'agit de celui «n'ayant pas exercé deux mandats parlementaires consécutifs ou séparés». Elle confirme la séparation de l'argent sale de la politique en énonçant que le candidat ne doit pas être «connu de manière notoire pour avoir eu des liens avec l'argent douteux et les milieux de l'affairisme». C'est sûrement ces garde-fous qui ont entraîné le rejet d'au moins 1 200 listes sur les quelque 2 500 déposées auprès de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Mais il n'y a pas que les hommes d'affaires qui ont été écartés de la course à la députation, le rejet de candidature a concerné aussi des figures politiques. Les causes n'ont pas été révélées mais pour Abou El Fadl Baâdji, le secrétaire général du Front de Libération nationale (FLN), à titre d'exemple, un communiqué du parti précise qu'il lui est reproché de ne pas avoir accompli le Service national. Le rejet de figures qui ont brillé sous le régime de l'ex-président Bouteflika devrait donner plus de crédibilité au prochain scrutin. Cependant, les apparatchiks n'ont pas manqué de trouver la ruse pour se recycler et contourner la réglementation de la nouvelle loi électorale en passant le flambeau à leurs enfants dont bon nombre se sont portés candidats. Certes, la loi n'interdit pas la candidature de la progéniture, il n'en demeure pas moins que cela risque d'être mal perçu par la société qui y verra une forme de «succession dynastique». Quel que soit le cas maintenant, les dés sont jetés. Les listes ont été validées, un numéro leur a été attribué et les candidats sont alignés devant la ligne de départ, attendant le coup de sifflet de Mohamed Charfi pour se lancer dans la course. Dans cette course, il y aura beaucoup de femmes, de jeunes et d'universitaires et il s'agit là de la dernière nouveauté de ce scrutin. La loi, faut-il le préciser enfin, a exigé de respecter la parité homme-femme ou de garantir au moins un taux de 30% de représentation féminine sur les listes des petites communes. Elle a aussi imposé à ce que la moitié des candidatures soit réservée aux candidats âgés de moins de 40 ans et qu'au moins, le tiers des candidats de la liste, ait un niveau universitaire. Avec tous ces changements, la prochaine Assemblée réussira-t-elle à mener à bien sa mission?