L'ONG Amnesty International a dénoncé l'utilisation par le Maroc des migrants comme «des pions» dans le cadre de l'échiquier politique «morbide» avec l'Espagne. L'ONG affirme dans un récent communiqué que 8.000 personnes, dont 2.000 mineurs non accompagnés, sont arrivées à Ceuta, à la nage ou à pied, entre le 17 et le 18 mai, sur fond de crise diplomatique entre l'Espagne et le Maroc. Amnesty International dénonce «le fait que des personnes demandeuses d'asile ou migrantes soient utilisées comme des pions sur un échiquier politique morbide». Dans une vidéo qu'elle a vérifiée, Amnesty a observé «des fonctionnaires marocains qui laissent activement passer des personnes migrantes ou demandeuses d'asile à Ceuta, de l'autre côté des clôtures». Amnesty affirme que le Maroc n'en est pas à son premier dépassement. «Le Maroc bafoue depuis longtemps les droits des personnes migrantes ou demandeuses d'asile à ses frontières». Par le passé, Amnesty a indiqué avoir constaté «des opérations illégales, dont des arrestations et le déplacement vers le sud du Maroc de personnes migrantes ou demandeuses d'asile se trouvant dans des campements et des maisons près de la frontière espagnole» L'ONG rappelle qu'une publication sur Facebook du ministère marocain des droits de l'homme indique que «l'ouverture des frontières vers Ceuta est intervenue en représailles» à l'accueil, en Espagne, du chef de l'Etat sahraoui, à titre humanitaire comme l'avaient affirmé les autorités espagnoles. Des accusations rejetées par le ministère espagnol des Affaires étrangères qui a démenti de nouveau les prétentions et les contrevérités du régime marocain, visant à porter atteinte à l'image des symboles de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en tête desquels le président Brahim Ghali, affirmant que le président sahraoui n'est pas arrivé en Espagne avec un passeport trafiqué, comme relayé par plusieurs médias. Dans sa plus récente réaction, des sources du ministère espagnol des Affaires étrangères ont indiqué à l'Agence «Europe Presse», vendredi, que le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali n'est pas arrivé en Espagne avec un faux passeport et affirmé qu'il s'est déplacé avec son passeport qui remplit «les exigences ordinaires». Par ailleurs, Amnesty International a appelé les autorités marocaines à abandonner les charges retenues contre 33 enseignants arbitrairement arrêtés pour avoir participé à des manifestations pacifiques réclamant de meilleures conditions de travail. «Il est scandaleux que ces enseignants fassent l'objet de poursuites et d'un éventuel emprisonnement alors qu'ils n'ont fait que revendiquer de façon légitime de meilleures conditions de travail et leurs droits en matière d'emploi», a souligné Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.