Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a entamé, hier, en Israël une tournée au Proche-Orient dans l'espoir de consolider la trêve entre l'Etat hébreu et le Hamas palestinien après des affrontements sanglants ayant semé des ravages dans la bande de Ghaza. Le chef de la diplomatie américaine devait s'entretenir avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avant de poursuivre sa tournée en Egypte et en Jordanie, deux acteurs clés de la stabilité régionale. L'objectif est «de soutenir leurs efforts pour consolider le cessez-le-feu», a tweeté lundi M. Blinken, tandis que le président américain Joe Biden a indiqué que le secrétaire d'Etat devait «évoquer le soutien inébranlable (des Etats-Unis) à la sécurité d'Israël» et poursuivre «les efforts du gouvernement pour rebâtir les liens avec les Palestiniens». Dans la foulée du cessez-le-feu, les deux dirigeants avaient réaffirmé leur soutien à la «solution à deux Etats», israélien et palestinien, appuyée par la communauté internationale mais boudée par l'administration Trump et renvoyée aux calendes grecques par le nouveau gouvernement américain avant la crise des dernières semaines. Mais les derniers communiqués du département d'Etat et de la Maison-Blanche ne font même pas référence à la «solution à deux Etats». «Notre priorité est vraiment avant tout de faire en sorte que le cessez-le-feu tienne», a dit à des journalistes un haut responsable américain avant le départ du secrétaire d'Etat, jugeant «prématurées» toutes visées plus ambitieuses.Malgré d'intenses efforts diplomatiques, les tensions persistent sur le terrain. Une attaque au couteau a blessé deux personnes, dont un soldat israélien, lundi à El Qods, près du quartier de Cheikh Jarrah. L'assaillant, un adolescent palestinien de 17 ans selon l'agence officielle palestinienne, a été tué par les forces de sécurité sionistes. C'est à Cheikh Jarrah à El Qods-Est, secteur palestinien de la Ville sainte occupé par Israël, qu'a pris racine fin avril la quatrième guerre meurtrière entre l'entité sioniste et le Hamas. Des milliers de personnes y avaient manifesté pour soutenir des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah menacées d'expulsion au profit de colons israéliens. Les tensions entre Palestiniens et forces sionistes s'étaient étendues à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam. Elles ont déclenché le soir du 10 mai une guerre entre le Hamas et Israël, qui a duré onze jours et tué 253 Palestiniens dans la bande de Ghaza, dont 66 enfants et39 femmes. Lundi, la branche armée du Hamas a annoncé avoir retrouvé les corps de quatre Palestiniens dans un tunnel. Les tensions persistent aussi en Cisjordanie occupée où l'armée sioniste continue de mener de nombreuses arrestations. Selon le Club des prisonniers palestiniens, 43 personnes ont été arrêtées dans la nuit en Cisjordanie et à El Qods-Est. Médiateur traditionnel entre Palestiniens et Israéliens, Le Caire s'active afin de consolider le cessez-le-feu qui ne comporte aucune condition à l'arrêt des hostilités et n'établit aucun plan pour la reconstruction de la bande de Ghaza, une nouvelle fois dévastée par la guerre. Une délégation égyptienne se trouve dans l'enclave palestinienne pour des discussions avec le Hamas. Et le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukry, a été reçu lundi à Ramallah par Mahmoud Abbas. Israël, qui impose un blocus terrestre et maritime à Ghaza depuis près de 15 ans, «souhaite un mécanisme international pour lui permettre de contrôler l'envoi des aides pour la reconstruction de Ghaza en ruines. Le président Biden avait affirmé la semaine dernière qu'il travaillerait avec l'ONU afin d'expédier une aide «majeure» pour reconstruire Ghaza, mais sans donner au Hamas «l'opportunité de rebâtir son système d'armement». Il s'est entretenu lundi avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, sur les «efforts internationaux pour reconstruire Ghaza et fournir une aide humanitaire d'urgence», selon la présidence égyptienne. Mais à Ghaza, la distribution par les autorités locales et les ONG d'aides de première nécessité laisse la population amère face à l'ampleur des dégâts.