L'Algérie est en train de redessiner la configuration des relations géostratégiques avec ses voisins limitrophes et l'ensemble euro-maghrébin sur fond d'une instabilité qui caractérise le Sahel et les retombées des mouvements du «printemps arabe» dans la Méditerranée occidentale. La question libyenne est révélatrice de l'enjeu qui a trait à la nouvelle géopolitique qui se trame au niveau du Maghreb et ses conséquences sur la stabilité des frontières du point de vue sécuritaire. La visite du chef du gouvernement libyen d'unité nationale, Abdelhamid Dbeibeh, à Alger, il y a deux jours de cela, renseigne sur la nouvelle démarche des autorités algériennes consistant à revoir la reconfiguration diplomatique et économique quant à une nouvelle conception inhérente au Grand Maghreb que l'Algérie vise à asseoir sur la base de nouvelles données et évolutions dans la région. L'Algérie, qui arrive à imposer sa puissance au niveau régional, a participé considérablement dans la mise en place d'une démarche consistant à faire accepter aux Libyens le dialogue inclusif comme seul instrument et méthode dans la perspective d'installer un climat de confiance qui balisera le terrain vers la solution qui mettra fin au conflit inter-libyen et attisé par des puissances étrangères. Cette démarche algérienne, qui s'inscrit dans une nouvelle reconfiguration géopolitique de la région, commence à donner ses fruits même s'il reste beaucoup à faire au demeurant. El-Menfi avait déclaré dans ce sens que «l'attachement de la Libye à consolider la coopération dans divers domaines avec les frères algériens et l'importance de raffermir ces relations», cela prouve que l'Algérie veut revoir le cap au niveau des pays du Maghreb en recentrant le travail sur l'axe Alger-Tunis-Tripoli. les relations bilatérales sur les plans politique, sécuritaire et économique ainsi que les perspectives du processus du règlement politique libyen, ont été les points nodaux des échanges entre la diplomatie algérienne et la diplomatie libyenne. C'est dire que l'enjeu dépasse la problématique des frontières et la question sécuritaire même si cela est déterminant et prépondérant dans les rapports stratégiques entre les deux pays voisins. La question malienne a un lien direct avec la crise qui secoue le Sahel et les manoeuvres de certaines puissances étrangères visant une nouvelle recomposition de l'échiquier régional au niveau du Sahel et ses répercussions sur les pays du Maghreb, surtout l'axe Alger-Tunis- Tripoli. Le rôle qui sied à l'Algérie est plus un rôle d'équilibre entre les pays voisins du côté oriental du Maghreb. D'où la nécessité de redéfinir les priorités en termes de coopération bilatérale et en tant que bloc pour faire face aux jeux troubles de certaines forces étrangères qui veulent redessiner la carte selon l'approche néocoloniale en maintenant les rapports en l'état, mais faire approfondir la présence desdites forces étrangères dans le but de soutirer les richesses que renferment les pays du Sahel via la mise en place des zones grises et des foyers de guerre gérés à distance par les puissances étrangères et leurs sbires de l'intérieur de la région. Cette nouvelle reconfiguration, qui est déterminée par l'urgence de contrer toute menace et risque visant l'intégrité des pays du Maghreb, est dotée d'un instrument de coordination permanente entre les pays voisins du Maghreb oriental. Sachant que l'enjeu du Makhzen et ceux qui le manipulent dans le but de jouer les trouble-fêtes et contribuer dans le pourrissement et la déstabilisation de la région pour le compte de ses maîtres de l'étranger, l'Algérie se propose comme un pays qui apportera ses efforts en direction des pays voisins sur le plan de la gestion des questions sécuritaires au niveau des frontières, mais aussi pour asseoir un véritable partenariat dans le cadre d'une nouvelle approche d'un ensemble maghrébin où la non-ingérence dans les affaires internes des pays voisins est une ligne rouge. L'Algérie esquisse une nouvelle géopolitique entre ses voisins limitrophes, mais cela ne peut se faire sans la dimension africaine à travers le Sahel, comme un enjeu central qu'il faut prendre au sérieux et avec un grand degré de préoccupation.