Les délais impartis à l'opération de dépouillement et de communication des résultats définitifs des élections législatives du 12 juin 2021, renseignent sur la particularité et la difficulté du nouveau mode de scrutin. Un détail qui a alimenté une nouvelle polémique au sujet des lenteurs et des «flous», qui entourent cette deuxième phase des élections du 12 juin. L'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), qui est à sa troisième élection, se retrouve confrontée à un nouveau mode de scrutin, différent celui-là des deux précédents. Dans son allocution, le président de l'Anie avait annoncé samedi soir que «les chiffres communiqués pourraient être réactualisés et consolidés pour obtenir les taux définitifs de participation». Une déclaration qui renseigne sur l'ampleur de la difficulté à laquelle sont confrontés les agents et fonctionnaires de l'Anie dans le traitement de l'information relative au comptage des bulletins et les différents cas de figure auxquels ils ont été confrontés. Il s'agit, en fait, du mode de la liste plurinominale ou la liste ouverte consacrée par le nouveau Code électoral, dont le décompte de voix au sein des listes n'a pas été assez explicité aux agents des délégations communales et de wilayas de l'Anie. Les explications fournies par l'Anie, sur support vidéo n'ont pas apporté toutes les réponses nécessaires pour trancher dans plusieurs cas signalés. D'où des blocages dus au sujet de la manière de comptage des bulletins considérés comme nuls, par des agents au sein de la même autorité. C'est le cas de ces bulletins mis sous enveloppe, alors qu'ils ne comportent aucune case ou candidat cochés. Certains spécialistes, à l'instar de ce professeur de l'université de Béchar, Mohamed Seddik Saâdaoui, dont la déclaration a été largement reproduite sur les réseaux sociaux, renvoient à l'article 156 du nouveau Code électoral. Ce dernier stipule que la feuille de vote introduite par l'électeur, «sans cocher ou choisir un candidat» est «valide» et peut être «comptabilisée en tant que «vote valable pour l'ensemble des candidats de la liste». Autre cas de figure qui se heurte à l'article 192 de la même loi, selon ce même spécialiste, les bulletins de vote comportant un nombre de cases cochées supérieur au nombre des sièges alloués à la circonscription électorale. Pour certains candidats, dont ceux du Hamas qui ont soulevé ces interrogations et introduit des recours à ce sujet, «ces comptabilisations pourraient nuire aux chances des candidats de bénéficier des voix nécessaires pour accéder à cette législature». Un des nombreux détails liés à ce nouveau mode de scrutin et de comptabilisation des résultats et des bulletins de vote, qui semble avoir retardé l'opération d'enregistrement des données sur le système de réseau national de l'Anie. Au-delà des détails techniques et des impératifs du moment, liés à la nécessité d'accélérer l'opération de communication de l'ensemble des résultats liés à ces élections, notamment l'annonce des résultats des listes et ceux des candidats, dans un deuxième temps, la nécessité de lancer des formations pointues et accélérées s'avère plus que nécessaire. En attendant, Charfi avait annoncé «un coup de pouce» de l'Armée nationale populaire dans ce sens. Sur un autre registre, nombre de spécialistes qui se sont relayés, hier, sur les plateaux de la Télévision nationale, ont qualifié de «positif» le taux de participation de 30% enregistré lors de ces législatives. Mustapha Heddam, analyste politique annonçant, hier, en substance sur les ondes de la Chaîne 3, que «l'Algérie entre, de plain-pied, dans un système démocratique», ajoutant que ce taux reflète une réalité selon laquelle «les Algériens votent peu». Et d'exclure au passage que ce taux soit le fait des appels au boycott. Selon cet analyste aguerri, ce taux national de participation «reste un taux préliminaire». Parallèlement à cela, face au silence de l'Anie, des pages Facebook commençaient déjà à livrer les premiers «résultats», renseignant sur la tendance générale de ces législatives singulières.