Ce sont 24.425.187 électeurs dont 23.522.322 inscrits dans les circonscriptions de l'intérieur du pays qui sont appelés à se rendre, aujourd'hui, aux urnes pour élire les 407 députés de l'Assemblée Nationale Populaire pour un mandat de cinq ans. Parmi cette masse d'électeurs, 902.865 sont recensés au niveau de la Communauté nationale à l'étranger et dont le vote a commencé hier à travers 357 bureaux répartis sur 4 zones. En outre, plus de 2.000 électeurs votent depuis 2 jours dans les 139 bureaux itinérants qui sillonnent le sud du pays et ses régions enclavées. Ces chiffres ont été rendus officiellement publics par l'ANIE, l'Autorité nationale indépendante des élections, après «examen des recours». Appelés à voter dans 61.543 bureaux répartis sur 13.000 centres, les électeurs devraient pourvoir les sièges de l'hémicycle du boulevard Zighout Youcef pour une 9ème législature après dissolution, en février dernier, par décret présidentiel de celle élue en 2017. La nouvelle assemblée devra représenter 58 circonscriptions électorales (contre 48 auparavant), en comptant depuis le début de l'année en cours, après leur promotion en nouvelles wilayas, de 10 circonscriptions administratives, en plus des 4 zones pour le vote de la Communauté nationale établie à l'étranger. A ces législatives anticipées participent 28 partis politiques avec 646 listes constituées de 10.468 candidats, soit moins que les Indépendants qui ont présenté 837 listes de 12.086 candidats. Une tendance qualifiée par l'APS d'«inédite qui dénote, selon des observateurs, la volonté de la société civile de jouer un rôle plus actif au sein des institutions». L'ANIE a, par ailleurs, noté que «plus de 13.000 jeunes sont candidats à ces élections aux côtés de 8.305 femmes. «Le nombre de candidats de niveau universitaire atteint, quant à lui, 19.942, soit 74 % de l'ensemble des candidats», a relevé le président de l'ANIE, Mohamed Charfi, estimant que «ce fait indique que la prochaine APN connaîtra une véritable dynamique». Il a en même temps indiqué que «les moins de 40 ans représentent au moins 65 % des candidats, et que son instance a dénombré 309 listes dont les candidats sont à 100% universitaires et une liste 100% femmes» Les promesses et assurances de l'ANIE Charfi s'est «félicité du déroulement de la campagne électorale sans incidents, une campagne au cours de laquelle les intervenants ont insisté sur la réhabilitation de l'APN dans son rôle de législateur, de promoteur du développement économique et de porte-voix des préoccupations des citoyens». Chargé de superviser le processus électoral de bout en bout, l'ANIE a reçu, jeudi dernier, en son siège établi à Club des Pins, la visite du président de la République lors de laquelle il a déclaré aux médias que «le citoyen sera souverain dans le choix de ses représentants à la prochaine Assemblée populaire nationale». Il a affirmé que «les urnes trancheront et conforteront le choix du peuple», ajoutant que «l'ère des quotas est révolue, maintenant que les lois régissant le processus électoral sont respectées, conformément à la Constitution et à la nouvelle loi organique sur les élections, et ce pour asseoir une nouvelle ère en Algérie conformément aux engagements». Le président de la République a donné des directives à l'effet, note l'APS, de «veiller à la protection des voix des Algériens, et opérer la rupture avec les anciennes pratiques, de nature à entamer la confiance du citoyen en ses institutions». Cette échéance est-il rapporté au nom du président de la République «offre, pour la première fois, l'opportunité aux jeunes et aux candidats aux finances limitées, de représenter le peuple, notamment après que le processus électoral a été mis à l'abri de l'argent, sale ou pas, ce qui garantit une véritable représentation du citoyen». Selon les médias, le président de la République a, en outre, souligné à l'adresse des responsables de la salle des opérations de l'ANIE que «vous êtes les garants de la confiance que placera le citoyen en ses institutions à l'avenir», tout en rappelant qu'il avait «entamé pour une première étape, le renouvellement de l'Institution législative qui sera suivi des élections des assemblées communales et de wilayas, des instances très proches du citoyen». Charfi lui a assuré que «l'ANIE veille à ce que toutes les conditions soient réunies pour permettre aux citoyens d'accomplir et de s'acquitter de leur devoir électoral dans un climat de quiétude, le jour du scrutin, pour lequel 1,2 milliard de bulletins de vote ont été imprimés et acheminés vers les bureaux de vote». Il a noté qu' «il faut que les Algériens puissent voter là où ils se trouvent. C'est une véritable gageure, et nous avons accompli un formidable travail». Dans un autre rendez-vous médiatique, le président de l'ANIE a fait savoir que l'encadrement du dispositif électoral est constitué de 600.000 membres. «Les personnes qui encadrent le dispositif électoral doivent répondre à des conditions morales, techniques et juridiques particulières. C'est dire que leur choix et la vérification de tous les facteurs est une opération très délicate», a-t-il assuré. «L'armée s'abstient de s'immiscer dans tout processus électoral» Selon le président de l'ANIE, «un total de 10.000 encadreurs de bureaux de vote qui seront chargés de former les autres membres ont bénéficié d'une formation, lors de la première session tenue par visioconférence». Avant sa visite au siège de l'ANIE, le président de la République a réuni, mardi dernier, le Haut Conseil de sécurité pour «l'évaluation des préparatifs des élections législatives». A cette occasion, il a affirmé que «toutes les garanties constitutionnelles, juridiques et réglementaires sont réunies pour protéger la volonté populaire et la régularité de l'opération électorale, en concrétisation des dispositions des articles 7 et 8 de la Constitution». Il a en même temps donné instruction au ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du Territoire et aux responsables des corps de sécurité «de sécuriser l'opération électorale, notamment les bureaux de vote, conformément aux dispositions de la loi régissant et encadrant les élections qui garantit à l'électeur la liberté de vote et criminalise toute atteinte à l'exercice de ce droit consacré par la Constitution». Dans son numéro paru la semaine dernière, la revue El Djeich', porte-voix officiel de l'état major de l'ANP, a affirmé dans son éditorial que : «l'Armée nationale populaire est une armée républicaine qui continuera, à tout jamais, de s'acquitter de ses missions constitutionnelles (...) en s'abstenant ainsi de s'immiscer dans tout processus électoral», ajoutant que «son unique rôle consistera à réunir les conditions idoines à même d'assurer son déroulement en toute sécurité et permettre ainsi à notre peuple d'exprimer librement et en toute transparence, son choixé». Il est rappelé que «ces élections législatives sont régies par la loi organique relative au régime électoral, modifiée et complétée, dont les nouvelles dispositions instaurent un nouveau mode de scrutin à savoir le scrutin de liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel sans panachage, qui donne lieu à une répartition des sièges proportionnelle au nombre de voix obtenues par chaque liste avec application de la règle du plus fort reste. Dispositions qui permettent aux électeurs de choisir les candidats, contrairement au scrutin à liste bloquée ou liste fermée dans lequel les électeurs ne peuvent pas modifier la composition et l'ordre des candidats sur une liste». Un mode qualifié par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, de «tournant» et de «changement radical par la voie pacifique et institutionnelle». Il a estimé que «la loi organique relative au régime électoral se distingue également par rapport aux précédentes par la limitation des mandats parlementaires à deux et encourage la participation des jeunes à la vie politique». Elle entend, a-t-il affirmé «réhabiliter le mérite et surtout éloigner l'argent de toute influence sur le libre choix des électeurs». «Réunir les Algériens par delà les différentes idéologies» Charfi a déclaré dans cet ordre d'idées que «lors de l'opération du traitement des dossiers de candidatures, l'ANIE était capable, à la fois, d'écarter toute tentation de quotas, et en même temps de combattre l'argent sale, tel que prévu par la loi dont les dispositions sont claires en incriminant la notoriété de fréquentation des milieux de l'argent sale». Il a rappelé que «la Charte d'éthique des pratiques électorales signée par les représentants des partis politiques et des listes d'indépendants, au lancement de la campagne électorale, a donné ses fruits, le discours politique a évolué. Il y a du respect entre les candidats et aucun dérapage n'a été relevé». Il a soutenu ainsi que «nous avons constaté une évolution très positive sortant de la logique de négociation à la logique de dialogue, ce qui ouvre une fenêtre sur les perspectives de construction d'un consensus national autour du projet de société qui doit réunir tous les Algériens par delà les différences idéologiques, religieuses et ethniques». En mettant en avant «l'engouement constaté pour les candidatures aux législatives anticipées», il a promis que «le taux de participation au scrutin du 12 juin sera plus important par rapport à celui enregistré lors du référendum sur la révision de la Constitution». Interrogé sur le délai pour l'annonce, par son instance, des résultats du scrutin, Charfi a souligné qu' «une déclaration concernant le paysage politique pourrait être faite au bout de 4 à 5 jours» parce que, a-t-dit, «le mode de comptage des voix est plus complexe avec le nouveau mode de scrutin retenu dans la nouvelle loi portant régime électoral». Il avertit que «cela ne peut pas se faire en 24 heures. On ne peut pas avoir les résultats ni le lendemain, ni le surlendemain». Il a toutefois assuré que «la meilleure garantie de transparence du scrutin du 12 juin reste le contrôle exercé par la société, les partis politiques, et les Indépendants dont des représentants seront présents dans tous les bureaux de vote, pour la première fois, des représentants de partis politiques et de listes des indépendants seront présents, dans les commissions de wilayas pour assister au contrôle ultime qui permettra d'arrêter la liste des membres du Parlement». Il a fait savoir que «ces représentants recevront, en plus, des copies des PV de dépouillement au niveau des bureaux de vote, et des copies de PV de centralisation au niveau des commissions communales et de wilaya». Au passage, il est noté qu'après son amendement le 1er novembre 2020, la Constitution stipule dans son article 103 que «le gouvernement est dirigé par un Premier ministre lorsqu'il résulte des élections législatives une majorité présidentielle et par un Chef du gouvernement lorsqu'il en résulte une majorité parlementaire».