Méfiance et inquiétude. Plus de 10 jours après son lancement, la campagne de vaccination de masse ne connaît pas le succès escompté. Les vaccinodromes installés dans les quatre coins du pays connaissent une affluence mitigée. «Dans le meilleur des cas, on vaccine 10 personnes par jour», avoue un médecin affecté à l'un de ces centres ambulants de vaccination au niveau de la capitale. Le même constat a été fait dans plusieurs autres structures du même type. «Je suis une personne avec des comorbidités. Le vaccin est essentiel pour moi, mais j'hésite encore à le faire», avoue Mehdi, la quarantaine, venu se renseigner au niveau d'un vaccinodrome. Comment s'explique donc ce manque d'intérêt des Algériens à la vaccination? Les spécialistes sont unanimes à dire que la stabilité de la situation épidémiologique fait que les Algériens ne ressentent pas vraiment la nécessité d'aller se faire vacciner, surtout qu'un certain «flou» entoure ces vaccins, particulièrement ceux disponibles en Algérie à l'image du AstraZeneca. «Il y a encore des craintes dans la société par rapport aux vaccins. Avec tous ce qui se dit dans les réseaux sociaux, les citoyens sont de plus en plus hésitants face à l'aiguille», soutient un autre médecin. Il rapporte que beaucoup de citoyens venant se faire vacciner font demi-tour après avoir pris connaissance que c'est le vaccin britannique qui est disponible. «Avec toute la publicité qui a été faite autour du Spoutnik V, beaucoup sont persuadés que c'est le seul sans risque et très efficace», attestent-ils. Une situation récurrente qui s'explique par un manque de sensibilisation des autorités sanitaires. Renforcé par les «fake news», certains préjugés «résistent» encore. Or, pour le moment, la «riposte» est des plus timides. La campagne de sensibilisation et d'information manque d'audace. Les opérations portes ouvertes sont, certes, une bonne chose, mais cela reste très insuffisant pour un tel enjeu. On se croirait dans les années 1970, avec la grande campagne antipoliomyélite. Or, on est en 2021. Les Algériens sont «bombardés» par des milliers d'informations par jour. Il est donc impératif que la réponse soit de la même intensité afin de «s'immuniser» face aux fausses informations. Cela n'est d'autant plus vrai que l'Algérie a le grand avantage d'avoir une unanimité scientifique sur l'importance de ce précieux liquide. Contrairement à beaucoup de pays, il n'y a pas «d'anti-Vacs» parmi le personnel scientifique. Alors pourquoi ne pas le faire participer dans des grandes opérations de sensibilisation? Le temps nous est compté pour donner un coup de «boost» à une campagne qui n'a pas encore réussi à atteindre sa vitesse de croisière. Le ministère de la Santé parle de près de 2 millions de personnes vaccinées. Un chiffre qui reste très en deçà des objectifs tracés. Le «confort» d'une situation sanitaire tranquille est en train de «fondre» comme les réserves de change du pays. La situation sanitaire se dégrade de jour en jour. On est à près de 400 cas journaliers, avec de nombreuses hospitalisations et admissions en réanimation. Les services dédiés aux malades du coronavirus commencent à être débordés. L'importance d'une immunisation rapide et large de la population est plus que jamais primordiale. On doit donc «pousser» les Algériens à sauter le pas de la vaccination, du moment que le vaccin est disponible, en quantité suffisante. Ce sont, en tout cas, les assurances du département de Abderrhamane Benbouzid. Il a même annoncé la réception de 2.5 millions de doses de vaccin antiCovid-19 d'ici la première semaine de juillet. «D'ici à la fin du mois de juin, voire la première semaine de juillet 2021, nous recevrons plusieurs livraisons de différents vaccins, dans le cadre de la concrétisation des contrats qu'on a signés en début d'année.Le quota total sera de près de 2.5 millions de doses», a affirmé la directrice générale de la pharmacie au ministère de la Santé, Wahiba Hadjoudj. «1,6 million de doses arriveront en cette fin du mois de juin, pour ensuite recevoir 800000 autres doses dès le début du mois de juillet 2021», a souligné la même responsable. La professeure Hadjoudj a précisé, à la radio, que le nouvel arrivage des doses de vaccins antiCovid-19 inclut «trois types de vaccins différents, à savoir le vaccin Spoutnik V, AstraZeneca et Sinovac». La bataille de la disponibilité semble donc désormais remportée, place à celle de l'information...