C'était prévisible! La configuration de la nouvelle Assemblée populaire nationale se précise. Désormais 2ème force politique en Algérie, avec 78 sièges sur un total de 407 à la chambre basse du Parlement, les députés des listes indépendantes élus aux législatives du 12 juin viennent d'annoncer, lors d'une réunion tenue à Alger, «leur soutien et appui» au programme du chef de l'Etat. En filigrane, ils veulent être partie prenante dans la formation des gouvernements. Une réunion qui a vu la présence de plus de 70 députés de différentes listes indépendantes. «Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin. Nous serons des membres actifs au sein d'un bloc et d'une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines» écrivent-ils dans un communiqué sanctionnant cette réunion. Tout en soulignant leur «fierté et leur appui» à «l'effort et à la démarche sincère du président Tebboune dans l'édification de la voie démocratique qu'il a engagée» les élus justifient ce soutien par le fait que cet effort « repose sur l'état des institutions et les potentialités nationales», dans le cadre des valeurs de la révolution de Novembre 1954 et sa Déclaration historique, en sus des «aspirations au changement positif exprimées par le Hirak populaire béni et authentique». Valorisant «l'engagement» du président Tebboune à «mettre en oeuvre ses engagements pour le parachèvement de l'édification institutionnelle, en consécration d'une nouvelle ère qui caractérisera l'Algérie nouvelle au sein de mécanismes constitutionnels et juridiques garantissant l'intégrité et la crédibilité dans la pratique démocratique», les nouveaux députés indépendants ont estimé que la confiance placée en leur personne «était l'une des constantes de l'identité politique et le résultat du changement auquel aspire le peuple à travers les urnes». Et de précise qu'ils sont «conscients de la confiance» du peuple, soulignant que cette confiance populaire «sera renforcée selon une vision ambitieuse qui sert l'intérêt du citoyen et renforce ses droits». Ce soutien annoncé au programme de Abdelmadjid Tebboune est un prélude à une reconfiguration de la prochaine Assemblée populaire nationale, traditionnellement dominée par les partis politiques. D'autant que ces élus indépendants n'excluent pas des alliances avec d'autres partis politiques présents au sein de l'hémicycle Zighoud Youcef, pour former une majorité parlementaire. Ce qui permettra au chef de l'Etat de nommer un Premier ministre à sa convenance, pour peu que cette majorité parlementaire dépasse au moins les 204 députés. Dans ce cadre, une alliance entre les élus indépendants (78 sièges, le parti du Front de Libération nationale (105), le Rassemblement national démocratique (57), soit 240 sièges, permettra à Abdelmadjid Tebboune d'exclure la mouvance islamiste, en dépit du fait que le président du Mouvement El Bina (40 sièges) a toujours plaidé en faveur d'alliances politiques «équilibrées» à même de garantir la stabilité du pays. Néanmoins, les observateurs excluent cette éventualité. Un scénario défavorable au chef de l'Etat qui ne veut nullement raviver la défunte Alliance présidentielle. Abdelmadjid Tebboune a toujours pris ses distances avec le triumvirat en misant sur la jeunesse et la société civile. ««Je n'ai pas été le candidat d'un parti, mais celui du peuple et de la jeunesse, deux piliers sur lesquels je compte beaucoup» a-t-il insisté lors d'une interview exclusive accordée à l'hebdomadaire français Le Point dans son édition du jeudi 3 juin 2021.