La neuvième législature, élue par 23,03% d'électeurs, sera différente de ses précédentes. Première assemblée populaire nationale sous le règne d'Abdelmadjid Tebboune, la chambre basse du Parlement continuera certes, d'être sous l'influence du duo FLN-RND, qui a ramassé la mise lors du scrutin du 12 juin dernier, mais verra l'émergence d'une nouvelle force, celle des indépendants, qui se place, actuellement, en seconde position. À première vue et en raison du fait que le duo FLN-RND n'a pas réussi à obtenir, pour la première fois, la majorité absolue au sein de l'APN, certains qualifient cette assemblée de disparate, mais à bien voir, elle l'est beaucoup moins que ses précédentes. Si en 2017, les 462 sièges, dont 121 sont revenus à des femmes, ont été répartis entre 35 partis politiques et 28 députés indépendants, pour les législatives de 2021, 12 partis politiques seulement et 78 indépendants se sont partagés les 407 sièges. C'est dire qu'un énorme coup de balai s'est produit au sein de la classe politique. De nombreux partis qui étaient représentés et avaient même, pour certains, des groupes parlementaires dans l'ancienne législature, ne se retrouvent nulle part dans la nouvelle cartographie. L'exemple de Tadjamoue amel el djazair (TAJ) est des plus édifiants. Né avec une «barbe», Tadjamoue amel el djazair est le seul parti à n'avoir pas pris part à une élection législative, mais qui a fini par avoir un groupe parlementaire au sein de l'APN (2012-2017). Amar Ghoul, cadre au MSP, a été l'une des têtes de listes de l'Alliance de l'Algérie verte des trois partis islamistes (MSP-El islah et Ennahda) qui a pris part à l'élection législative de 2012. Il a pris ses distances avec son parti quand ce dernier a décidé de se retirer de la coalition gouvernementale. Il lance alors l'initiative TAJ avec un surprenant succès. Des dizaines de députés fraîchement élus sous la coupe de l'Alliance verte ou encore du FNA ont rejoint la nouvelle formation lui ouvrant droit à un groupe parlementaire au sein de l'APN. En 2017, le parti de l'ex-ministre des transports, qui avait l'oreille des décideurs avant de finir en prison pour corruption, avait réussi à remporter une vingtaine de sièges, se revendiquant ainsi comme la 4ème force politique du pays. Présidé aujourd'hui par l'ex- ministre de l'environnement, Fatma Zohra Zerouati, TAJ n'ouvre aujourd'hui même pas droit à un strapontin dans les travées de l'assemblée populaire nationale. Incroyable destin pour ce parti dont la chute semble mortelle! L'autre formation politique qui retient l'attention est le Mouvement populaire algérien (MPA). Présidé par Amara Benyounès qui vient de quitter la prison après avoir purgé sa peine, ce parti n'a certes pas pris part à la course législative du 12 juin dernier, mais faisait partie de l'alliance présidentielle d'Abdelaziz Bouteflika et avait six députés en 2012 et 13 dans la dernière législature. Aujourd'hui, il ne fait plus aucune vague et semble même avoir atteint le fond. C'est également le cas pour la formation de Abdellah Djaballah, une des figures de la mouvance islamiste. Après avoir été évincé d'Ennahda et d'Al islah, Djaballah a créé le front de la justice et du développement (EL Adala) en 2012 et a réussi à avoir juste après sept députés. En 2017, il a fait coalition avec Ennahda et El bina et cette alliance a obtenu 15 sièges. Aujourd'hui, il ne se retrouve pas hors course, mais avec uniquement deux députés. L'ANR de Belkacem Salhi, le MEN d'Ali Boukhezna ou encore le FNA de Moussa Touati, de petits partis mais qui avaient pied à l'APN et faisaient entendre leur voix, par intermittence, ne font plus partie aujourd'hui de la composante de la nouvelle APN tout autant que AHD 54, RPR, FMN, FDL, Pnsd, Fnls, Ufds ou encore le PRA. De ces partis, il ne semble rester que les sigles.