La prise de contrôle de Ghaza par la faction du Hamas, illustre le point de non-retour où sont parvenus les Palestiniens. Sanglant conflit fratricide à Ghaza. Des affrontements meurtriers y opposent, depuis plus d'une semaine, les hommes armés du Fatah et du Hamas. Le dernier bilan fait état de 116 morts et 550 blessés. Pendant une semaine, les affrontement interpalestiniens ont éclipsé le conflit avec Israël. Justement, Ghaza est désormais coupée de la Cisjordanie, non plus seulement par l'Etat juif, mais par un gouffre politique. Au plan politique c'est l'impasse. Alors que le Fatah considère que les combats en cours visent à purger les services des «putschistes», les accusant d'être à «la solde d'Israël», le Hamas, quant à lui, est ferme. Sa branche armée a adressé, hier, un ultimatum aux membres de ses services pour qu'il lui remettent ses armes. L'annonce par le président Abbas de l'instauration de l'état d'urgence et le limogeage de Ismaïl Hanyeh a fait monter la tension d'un cran. Sans attendre, Abbas a pris le taureau par les cornes. Il charge le ministre sortant des Finances, Salam Fayyad, de former le nouveau gouvernement. On dit que le nouveau Premier ministre jouit d'un appui auprès du FMI. Ses actions en faveur de la transparence de l'utilisation des fonds publics ont, d'ailleurs, rassuré les pays donateurs et lui ont même valu les éloges du président américain George W.Bush. Né en 1952 dans la région de Tulkarem dans le nord de la Cisjordanie, M.Fayyad a un doctorat en économie de l'université au Texas, d'Austin, où il a aussi décroché une maîtrise en comptabilité. Cependant, ces atouts ne sont pas à même de convaincre Hanyeh. Pour le mouvement Hamas, la décision du président de l'Autorité palestinienne est illégale. «Il s'agit d'un coup d'Etat contre la légalité et cela est contraire à toutes les lois palestiniennes. Nous appelons Mahmoud Abbas à revenir sur sa décision et nous appelons Salam Fayyad à refuser cette nomination illégale», a affirmé le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Pour sa part, Ismail Hanyeh, s'appuyant sur la légitimité des urnes, ordonne à ses hommes de veiller au maintien de l'ordre. Ghaza s'est transformée en une ville fantôme. Elle est désormais sous le contrôle total des hommes armés du Hamas. D'intenses échanges de tirs ont opposé ces derniers aux combattants du Fatah. Les combattants du Hamas se sont emparés de deux principaux quartiers généraux du Fatah, ses principaux QG, à Khan Younès, dans le sud du territoire, et à Jabaliya. Par ailleurs, la chute du siège de la Sécurité préventive, à Tel El-Hawa, la principale force de police, illustre à elle seule, la débâcle des combattants du Fatah. A Ghaza, c'est la confusion généralisée. Des pillards se sont joints, hier, aux combattants du Hamas, mettant à sac le siège du président palestinien. Plusieurs bâtiments de la présidence, sur laquelle flotte désormais le drapeau du Hamas, ont également été incendiés. C'est la déroute. Au Fatah, c'est la panique. Plus de 200 cadres ont fui par mer et par terre vers l'Egypte après la prise de contrôle par le Hamas de la bande de Ghaza. Plusieurs groupes sont arrivés, hier à l'aube à bord d'une vaste embarcation au port d'Al-Arish, situé à 50km au sud de la bande de Ghaza. Parmi eux, figuraient, en majorité, des combattants, des membres des forces de sécurité, des services de renseignement, de la police et des gardes-frontières, ainsi que des fidèles au Fatah du président Mahmoud Abbas, affirment des sources concordantes. L'image des milices Ezzedine Al Qassam paradant dans les jeeps du Fatah, renseigne de la situation dans laquelle se sont enlisés les territoires palestiniens. Le Hamas s'est même permis d'enlever, avant de les «amnistier», de hauts responsables sécuritaires du Fatah. Désormais, le président Abbas ne compte que sur les messages et déclarations de soutien des capitales arabes et occidentales. Il assume, désormais, la lourde responsabilité de sauver des décennies de lutte pour la liberté du peuple palestinien. Mais la donne a changé depuis l'arrivée du Hamas à la tête du gouvernement, en mars 2006, après sa victoire aux législatives. Le contrôle des services de sécurité qui comptent des dizaines de milliers d'hommes pour la plupart fidèles au Fatah, a été la principale source de tension entre les deux mouvements rivaux, donnant lieu à des violences qui ont fait des centaines de morts. Les ministres arabes des Affaires étrangères qui étaient, hier, en conclave au Caire, parviendront-ils à réconcilier les factions rivales? Les prochains développements apporteront, sans doute, la réponse.