De nouveaux affrontements entre partisans du Fatah et du Hamas palestiniens ont fait 13 morts vendredi dans la Bande de Ghaza, et un groupe armé émanant du Fatah a dit avoir enlevé 24 membres du mouvement islamiste, qui célébrait le premier anniversaire de son triomphe électoral. Un enfant de deux ans figure parmi les victimes. Une dizaine de partisans du Hamas ont été enlevés dans le secteur de ces affrontements par des hommes du Fatah, a-t-on indiqué. Lors d'une conférence de presse à Ghaza, une vingtaine de personnalités indépendantes ont appelé "à l'arrêt immédiat des affrontements, à la libération des personnes enlevées et au retour au dialogue" entre le Hamas et le Fatah. Un activiste du Fatah, Nabil Jarjir, a été tué par la Force exécutive, fidèle au Hamas, à Jabaliya, dans le nord de la Bande de Ghaza. Deux membres de cette force avaient été tués jeudi soir par une explosion, selon des sources médicales. Le Fatah a accusé la Force exécutive, relevant du ministère de l'Intérieur, d'avoir "exécuté" Jarjir. Le Hamas a pour sa part affirmé qu'il avait été tué "dans un accrochage" avec la Force exécutive venue l'arrêter. Qualifiant Jarjir de "laquais des putschistes", une référence au Fatah, le Hamas a affirmé qu'il était "le principal suspect" dans l'explosion qui a visé la Force exécutive jeudi. L'explosion d'un engin au passage d'une jeep de cette force avait fait douze blessés dont sept de ses passagers. Deux d'entre eux ont succombé vendredi. Le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé cette attaque, la qualifiant de "crime regrettable". "Nous travaillons sérieusement pour trouver les responsables", a-t-il dit. Peu après la mort de Jarjir, un activiste du Hamas, Raëd Soboh, a été tué et un deuxième blessé à Jabaliya lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur leur voiture, selon des sources médicales. A l'aide d'un haut-parleur, les deux hommes appelaient depuis leur véhicule à un rassemblement du Hamas pour marquer le premier anniversaire de sa victoire aux élections législatives. Des activistes du Fatah ont aussi enlevé, en représailles à la mort de Jarjir, neuf membres du Hamas. La Force exécutive a riposté en détenant cinq militants du Fatah. Toujours à Jabaliya, des membres du Hamas et de la Force exécutive encerclaient la maison d'un autre activiste des Brigades d'Al-Aqsa, liées au Fatah, et ont tiré plusieurs roquettes antichars en direction du bâtiment, selon des témoins. Un adolescent, Fadi Al-Khaldi, 16 ans, a été tué par des tirs aux abord de la maison, selon des sources médicales. Le Fatah a accusé le Hamas. En outre, un général des services de sécurité fidèles au Fatah, Jihad Sarhan, a été blessé aux jambes lorsque des membres de la Force exécutive ont tiré sur lui, dans le nord de la Bande de Ghaza, selon des sources sécuritaires. Les violences partisanes ont gagné la Cisjordanie, où neuf autres membres du Hamas ont été enlevés par des hommes du Fatah. Empêtrés dans une crise politique, le Fatah et le Hamas avaient entamé mardi un nouveau round de dialogue sur la mise en place d'un gouvernement d'union, deux jours après une rencontre à Damas entre le président palestinien Mahmoud Abbas et le numéro un du Hamas Khaled Mechaal. Des discussions entre les deux partis prévues vendredi ont été "reportées" à dimanche à la suite des derniers accrochages. M. Haniyeh s'est dit "déterminé à poursuivre le dialogue". La tension s'était exacerbée entre les deux mouvements générant des affrontements qui ont fait une trentaine de morts après l'annonce par M. Abbas le 16 décembre de sa décision de convoquer des élections anticipées, qualifiée de "coup d'Etat" par le Hamas.