Les Blidéens et particulièrement les agriculteurs ont été agréablement surpris, ces derniers jours, par le retour des précipitations, après une longue période de vaches maigres. Durant presque toute la journée de mercredi, de grandes quantités d'eau se sont déversées sur la ville et les régions environnantes. Par moment, on a craint le pire avec les éclairs, suivis de coups de tonnerre assourdissants. Finalement, les pluies de la semaine dernière ont été très bénéfiques et le seront davantage si elles continuent dans les jours à venir. La neige, absente également depuis plus d'un mois, a refait son apparition sur les monts de Chréa. «Les pluies de janvier sont les bienvenues», commente un citoyen qui a trouvé refuge dans un café du coin en regardant avec admiration la pluie tomber toute drue. Pour leur part, les services de l'hydraulique annoncent que le niveau des retenues collinaires et des barrages commence à se redresser. A titre d'exemple, le barrage de Boukourdène dans la wilaya de Tipasa, est désormais rempli à plus de 90%, soit 43,7 millions de m3 d'eau. C'est en effet un bon signe qui fait reculer le spectre de la sécheresse persistante. Le manque de précipitations avait eu un impact néfaste sur les cours d'eau et la nappe phréatique a atteint son niveau le plus bas. Par endroit, elle s'est mélangée avec l'eau de mer, sur les régions proches de la côte, du fait de son exploitation désordonnée, par le biais de forages sauvages et incontrôlés. Aussi bien l'irrigation que l'alimentation en eau potable en ont pâti. L'eau est toujours disponible un jour sur trois et seulement pendant les premières heures de la matinée dans la plupart des foyers. Certains quartiers périphériques connaissent une rationalisation plus sévère et des coupures plus longues. Ce problème a obligé le ministre de l'Hydraulique à effectuer récemment une visite de travail pour dégager un plan d'urgence pour la wilaya de Blida. Ce plan prévoyait de mobiliser les eaux du barrage El-Moustaqbel, par la finalisation du système de canalisation dans la Mitidja et la mise en service d'une station d'épuration d'eau au niveau de Mouzaïa, susceptible de produire dans un premier temps, 30.000 mètres cubes d'eau par jour pour l'alimentation en eau potable. Son but est de répondre aux besoins de plus en plus grandissants et d'alléger la pression sur l'exploitation de la nappe phréatique qui assure, à elle seule, l'alimentation de l'agglomération de Blida et les autres principales villes de la wilaya. Ceci n'est pas, en fait, nouveau car il ne fait que relancer un plan vieux de plus d'une douzaine d'années qui avait été interrompu par le climat d'insécurité et les actes de sabotage qu'avait vécus la région. De même, ce plan prévoyait le renforcement de la lutte contre l'usage abusif des eaux souterraines qui sont des eaux classées, en vérité, eaux naturelles comme celles dites de Mouzaïa et plus récemment de Sidi El-Kebir, ainsi que le pompage illicite. Dans un acte dissuasif, le ministre s'était déplacé, lui-même, en compagnie d'une délégation officielle, sur les lieux d'un forage illicite dans un verger d'agrumes aux environs de Mouzaïa, pour ordonner sous l'oeil de la caméra, l'arrêt et la fermeture du puits. La Mitidja attend beaucoup plus que ce geste, c'est-à-dire une véritable prise en charge du problème de l'eau qui passe par la mobilisation de toutes ses ressources en eau, la mise en place d'un véritable réseau moderne d'irrigation et son corollaire, un plan judicieux de gestion. A défaut, c'est la persistance de la pénurie et la dilapidation des terres agricoles, déjà quotidiennement érodées par le béton au vu et au su de tous. Tous les moyens sont bons pour que, du jour au lendemain, une terre, pourtant classée agricole, soit transformée en assiette pour activité industrielle, rapidement et définitivement clôturée par une longue muraille à la manière chinoise. A défaut des grands projets qui végètent, on se contente du peu... C'est pour cela que bon nombre de citoyens ont béni le ciel pour ce retour des pluies.