L'Algérie a gagné son ticket d'entrée pour participer à l'opération «Active Endeavour» («Participation Active») de l'Alliance atlantique. Le général-major Ahmed Gaid Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale, est, depuis aujourd'hui, en visite au quartier général de l'Otan, à Bruxelles, sur invitation du général Raymond Henaut, président du Comité militaire de l'Otan, a annoncé, hier, un communiqué du ministère de la Défense nationale. Le patron de l'armée algérienne participera à la 4e réunion du comité militaire en session des chefs d'état-major de la défense des pays de l'Otan avec ceux du «Dialogue méditerranéen». Le communiqué du ministère de la Défense précise que cette réunion s'inscrit dans le cadre de la poursuite du renforcement des relations de coopération entre les pays de l'Alliance et les pays du «Dialogue méditerranéen». Le chef d'état-major fait preuve d'une débauche d'énergie tout à fait exceptionnelle ces derniers temps, avec des escales de haute teneur et un cycle privilégié de voyages de haut niveau en Russie, en France et aux Etats-Unis. Le dernier voyage d'importance du chef de l'ANP l'avait conduit en France. Le chef d'état-major de l'armée s'était entretenu à Paris, avec le chef d'état-major des armées françaises, Henri Bentegeat, ainsi qu'avec la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Gaïd Salah avait aussi visité l'usine d'armement Giat, et tout le monde a estimé que l'Algérie allait diversifier ses achats d'armes, traditionnellement acquis chez Moscou. Les escales américaines ont été certainement les plus nombreuses et les plus importantes, avec, notamment, une visite au Pentagone et l'accueil, à Alger, de personnalités politiques et militaires de la trempe de Charles F.Wald, adjoint du commandant des Forces américaines en Europe, Robert Mueller, patron du FBI, Donald Rumsfeld, un des mentors de la «Total war» menée par Washington, James L.Jones, commandant suprême des Forces américaines en Europe, et les prochaines visites programmées pour les prochaines semaines de Condoleezza Rice et/ou de Dick Cheney. Cependant, c'est l'intégration de l'Algérie dans des stratégies sécuritaires de l'Otan qui se pose aujourd'hui avec le plus de précision. La réunion de l'Otan le 7 avril dernier à Rabat, avait fait dire à un responsable de l'Alliance que le Maroc, l'Algérie et Israël ont gagné leur ticket d'entrée pour participer à l'opération «Active Endeavour» («Participation Active») de l'Alliance atlantique. Au programme de cette opération : des patrouilles en Méditerranée menées par les navires de l'Otan et l'escorte de bateaux civils dans le détroit de Gibraltar pour parer à des attentats terroristes. Lancée après le 11 septembre, Active Endeavour s'inscrit dans le programme du Dialogue Méditerranéen qui regroupe les 26 pays membres du Conseil de l'OTAN et 7 pays du Sud (Israël, Jordanie, Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie). Plutôt mou, ce dialogue est censé renforcer la coopération politique et militaire entre l'Otan et ces pays. A entendre le porte-parole de l'Alliance, James Appathurai, ce dialogue connaîtrait un sursaut d'énergie. L'annonce de cette coopération entre l'Alliance et, bilatéralement, le Maroc, l'Algérie et Israël intervient au moment où l'Otan redéfinit sa mission et son périmètre d'action sous l'impulsion des Etats-Unis. On ne parle plus de contrer le communisme en Europe mais de lutte contre le terrorisme, le commerce illicite d'armes, le trafic d'êtres humains et la prolifération des armes de destruction massive. La réunion de l'Otan avec ses sept partenaires méditerranéens, destinée à relancer leur coopération politique et militaire initiée en 1995, et qui s'est tenue à Rabat, il y a près d'un mois, continue d'alimenter les débats au sein de l'état-major des armées des pays du Sud, l'Algérie, le Maroc et Israël principalement. C´est la première fois que l'Otan organise une réunion à un tel niveau dans un pays du Maghreb ou du Proche-Orient. Les directeurs politiques des ministres des Affaires étrangères des sept pays participant au «Dialogue méditerranéen» (Israël, Jordanie, Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) et les représentants des 26 pays membres du Conseil de l´Alliance avaient pris part à cette rencontre. «Dans le dialogue méditerranéen, on se base sur trois convictions: l´interdépendance en matière de sécurité entre pays concernés, la volonté politique de faire face à cette question de la sécurité et le dialogue comme instrument privilégié», avait déclaré Minuto Rizzo à l´ouverture de la réunion. Israël, dont l'objet est de faire une incursion sur la pointe des pieds dans la région maghrébine, laissait le soin aux chefs de l'Otan et aux Américains de faire en sorte que le «greffage» sur le monde maghrébin, beaucoup moins passionné que le Moyen-Orient, réussisse. Rapprocher Israël des pays maghrébins fait aussi partie des stratégies combinées Otan- Etats-Unis. Dans cette perspective, il faut d'ores et déjà parler d'une nouvelle reconfiguration de l'Otan, avec à la carte, un verrouillage sécuritaire au niveau planétaire qui ne laisserait que peu d'espace de manoeuvre à ceux qui se tiennent en dehors.