Le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi participaient hier à un sommet tripartite à Baghdad, dans le cadre d'une rare visite en Irak, la première d'un chef d'Etat égyptien en trois décennies. Abdallah II de Jordanie s'était déjà rendu à Baghdad début 2019, pour la première fois depuis 10 ans, tandis que al Sissi est le premier président égyptien à se rendre dans ce pays depuis l'invasion du Koweït par les troupes de l'ancien dirigeant Saddam Hussein en 1990. Les relations diplomatiques entre Baghdad et Le Caire n'ont toutefois cessé de s'améliorer au cours de ces dernières années, de nom breux hauts fonctionnaires des deux pays effectuant des visites croisées. Dans la journée d'hier, le roi de Jordanie et le chef de l'Etat égyptien ont été reçus par le président irakien Barham Saleh et le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi. Cette rencontre constitue «un message éloquent face aux énormes défis régionaux. Le redressement de l'Irak ouvre la voie à un système intégré pour notre région fondé sur la lutte contre l'extrémisme, le respect de la souveraineté et le partenariat économique», a écrit M. Saleh dans un tweet. Le bureau du Premier ministre a de son côté indiqué sur Twitter que le sommet devait dans la foulée porter sur la coopération politique et économique, notamment le renforcement des investissements, et «les efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme». Depuis plusieurs mois, malgré les conditions difficiles qu'il traverse, avec des attaques répétées contre les soldats américains encore présents dans le pays, l'Irak est fortement engagé dans un rapprochement avec les alliés arabes des Etats-Unis au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Jordanie tout en soutenant activement la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe. C'est ainsi que des délégations iranienne et saoudienne se sont rencontrées en avril à Baghdad, dont les dirigeants cherchent à se rendre indispensables comme médiateurs régionaux pour éviter d'être réduit à un terrain d'affrontements entre les différentes puissances. Grands rivaux régionaux, l'Iran et l'Arabie saoudite avaient rompu leurs relations diplomatiques depuis plus de cinq ans, creusant une ligne de fracture dans le paysage moyen-oriental. Riyadh, allié des Etats-Unis, et Téhéran, ennemi de Washington, soutiennent des camps opposés dans les principaux conflits de la région, notamment au Yémen, en Syrie et en Irak. Ils s'opposent également, depuis de nombreuses années, au Liban et à Bahreïn.