Les accords entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés ont souvent accouché au forceps. Leur dernière rencontre n'a pas dérogé à la règle. Le 18ème sommet de L'Opep+ qui devait être plié le 1er juillet a été reporté à hier. «N'ayant pas fini d'examiner tous les points inscrits à l'ordre du jour de la 31ème réunion du Comité ministériel conjoint de suivi Opep et non-Opep (Jmmc), il a été convenu de poursuivre demain vendredi (hier, Ndlr) les travaux afin de mener davantage de concertations et tenir la 18ème réunion ministérielle des pays de l'Opep et non-Opep», a indiqué jeudi un communiqué du ministère de l'Energie et des Mines. En clair, les «23» ne sont pas arrivés à trancher sur une éventuelle augmentation de leur production à partir d'août, de la poursuite de leur stratégie pour les mois à venir. Le désaccord viendrait d'une «objection de dernière minute soulevée par les Emirats arabes unis à un accord conclu plus tôt dans la journée entre la Russie et l'Arabie saoudite», ont révélé les analystes de Deutsche Bank. Selon Eugen Weinberg, de Commerzbank, Abou Dhabi voudrait relever son volume de production de référence à partir duquel est calculé son quota, arguant «d'une capacité désormais plus élevée» précise Eugen Weinberg, du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Des indiscrétions faisaient état d'une augmentation de l'offre de l'Opep et de ses alliés de l'ordre de 2 millions de barils par jour d'ici fin 2021. L'Opep+ «était sur le point de se mettre d'accord sur une augmentation de l'offre d'environ 2 millions de barils par jour entre août et décembre», avait écrit Stephen Brennock, analyste de PVM. Le retour d'un volume de 2 millions de barils par jour d'ici fin 2021, à raison de 400000 barils par jour chaque mois, avait annoncé, de son côté l'agence Bloomberg citant une source anonyme. Le consensus ne s'est pas fait autour de cette option L'Opep+ a donc décidé de jouer les prolongations et d'entretenir le suspense. Ce qui ne semble pas perturber outre mesure le marché. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, référence du pétrole algérien, a terminé jeudi à 75,84 dollars. Soit 1,22 dollar de plus que la séance de la veille avant de céder 31 cents hier à 15h00. Les cours ne semblaient pas avoir été très affectés par le report du sommet de l'Opep. Les cours n'ont que peu réagi à l'annonce de cet ajournement, le baril de pétrole américain demeurait non loin des 75 dollars un seuil qu'il avait franchi jeudi pour la première fois depuis octobre 2018. «Les opérateurs s'attendent à une augmentation de la production par l'Opep+, mais d'une façon mesurée qui ne fasse pas trop augmenter l'offre trop rapidement», ce qui aurait un impact négatif sur les prix, a commenté, dans une note, Louise Dickson, du cabinet de recherche Rystad Energy. Les cours de l'or noir restaient, à l'écoute de l'Opep et de ses alliés. Il faut rappeler que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, dont la Russie, avaient décidé, au mois d'avril 2020, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour stopper le plongeon des prix. L'«alliance» Opep-non Opep procédera à une coupe de 7,7 millions b/j à partir du 1er août, jusqu'à fin décembre 2020, avant d'opter, le 1er avril dernier, pour la prudence et de n'ouvrir que progressivement ses vannes. Elle mettra 350000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, puis 441000 barils en juillet. Une initiative qui contribuera à hisser les prix du pétrole à leur niveau d'octobre 2018 (plus de 76 dollars pour le Brent et plus de 74 dollars pour le WTI, le 28 juin 2021 en séance asiatique). Le baril bénéficie de surcroit du solide soutien de la hausse de la demande mondiale et des négociations irano-américaines concernant le nucléaire iranien, dans l'impasse, empêchant la levée de l'embargo qui frappe le pétrole iranien et prive le marché de l'or noir de millions de barils. Une dynamique que l'Opep+ compte capitaliser.