Le marché pétrolier qui donnait des signes de nervosité avant le sommet de l'Opep+ a été rassuré par la décision finale qui a sanctionné les travaux de la 15ème réunion ministérielle des pays de l'Opep et non-Opep, tenue jeudi par vidéoconférence. Les «23» ont finalement décidé d'ouvrir prudemment leurs vannes alors que les observateurs avaient tablé sur un statu quo. L'affaire a été bouclée en trois petites heures. Verdict: l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 alliés mettront 350000 barils par jour supplémentaires sur le marché en mai et juin puis 441000 barils en juillet. «Les participants ont convenu de modifier progressivement le niveau de la production durant les mois de mai, juin et juillet, où il sera procédé à l'augmentation de la production pour une quantité ne dépassant pas les 500.000 barils/jour par mois», a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab à l'issue de ce rendez-vous mensuel. Sur cette base, le volume de la baisse sera réduit à 6,5 millions de barils/jour en mai, puis 6,2 millions de barils/jour en juin et 5,7 millions de barils/jour en juillet, est-il précisé. Ce qui permettra à l'Algérie de porter sa production à 11000 barils/jour en mai et juin et 14000 barils/jour en juillet. Des mesures qui ont pris de court le marché et les experts qui s'attendaient à ce que l'alliance garde ses vannes fermées. Cette conclusion a surpris le marché dans un premier temps alors que «les attentes initiales des investisseurs étaient que l'Opec+ n'allait pas oser accroître sa production en mai», soulignait Louise Dickson, analyste pour Rystad Energy. Mais la nouvelle de cette modeste réouverture des vannes a finalement soutenu les cours, car les attentes sont fortes sur un rebond de la demande cet été, a ajouté l'analyste. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a terminé la séance de jeudi à 64,86 dollars. Soit en un bond de 2,12 dollars, par rapport à la clôture de la veille. À New York, le baril américain de WTI pour le mois de mai a progressé de 2,29 dollars pour conclure à 61,45 dollars. L'avenir s'annonce en rose pour l'or noir si l'on se fie aux prévisions des spécialistes qui ont encensé l'Opep+. La nouvelle de cette modeste réouverture des vannes a finalement soutenu les cours, car les attentes sont fortes sur un rebond de la demande cet été, fait remarquer Louise Dickson. «Le bond de la demande à l'été, combiné avec le plan de l'Opep+, pourrait pousser les stocks à la baisse et présenter un déficit en août», ajoute l'analyste. «La grande nouvelle, c'est que les membres de l'Opep+ montrent de la retenue à court terme» note pour sa part John Kilduff d'Again Capital qui indique que le marché regardait déjà «au-delà de la situation de l'Opep+ avec les bonnes données économiques américaines, notamment le rapport sur l'emploi vendredi» où l'on attend un grand nombre de créations d'emplois. L'accord de l'Opep+ «soutient les prix du pétrole, mais devrait également aider à éviter une forte hausse à mesure que la demande de pétrole se redresse», souligne de son côté Ann-Louise Hittle de Wood Mackenzie. Il faut rappeler que le 9 avril dernier, l'Opep et ses partenaires, dont la Russie, avaient décidé de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour stopper le plongeon des prix et de procéder à une coupe de 7,7 millions b/j à partir du 1er août jusqu'à fin décembre 2020 avant d'opter pour la prudence et de n'ouvrir que progressivement ses vannes. Depuis la réunion d'avril 2020, l'Opep+ a contribué à ajuster l'offre mondiale de pétrole à la baisse de 2,6 milliards de barils de pétrole à la fin de février 2021, ce qui a accéléré le rééquilibrage du marché pétrolier, ont indiqué les «23» à l'issue des travaux de leur 15ème réunion. Un boulevard pour le baril...