Comme chaque année en période estivale, les feux de forêt font des ravages. Attisé par le vent, nourri par la sécheresse et la chaleur, un incendie spectaculaire a ravagé des dizaines d'hectares de la forêt de Bir Ouassfane, dans le village d'Aïn Mimoun, situé dans la commune de Tamza, daïra d'El-Hamma, à 50 km du chef-lieu de wilaya de Khenchele, dans le massif des Aurès. Certes, l'incendie a été «maîtrisé» et « neutralisé». Il a fallu la mobilisation de moyens humains et matériels en provenance de sept wilayas limitrophes, renforcés par deux hélicoptères de la Protection civile, pour préserver les vies des citoyens, la richesse forestière et les exploitations environnantes. Le drame est immense. Mais le pire a été évité, il n'y a pas eu de victime en cette périosde de forte chaleur. «Aucune perte humaine n'a été enregistrée jusqu'à présent» indiquait dans la soirée d'avant-hier la même source. Néanmoins, ce sont des milliers d'arbres de différentes espèces ainsi que des milliers d'arbres fruitiers appartenant aux résidents de la région qui sont partis en fumée. En effet, cette zone boisée, l'une des plus anciennes en d'Afrique du Nord, séparant Khenchela de la wilaya d'Oum El Bouaghi d'un côté et les Aurès de l'autre, renferme des espèces végétales rares, telles que le cèdre de l'Atlantique, un conifère menacé, au même titre que animales, à l'instar du flamant rose. La forêt abrite également l'Ecole nationale supérieure des forêts. Elle est le poumon des montagnes historiques des Aurès, lieu ayant servi à Mostéfa Ben Boulaïd de rassembler ses hommes pour combattre le colonialisme. Une zone dominée par le mont Chélia, plus haut sommet de la chaîne montagneuse des Aurès, après le mont Tahat Atakor-n-Ahaggar, et ayant abrité le Conseil de guerre du roi Aksel. Ainsi, pour paraphraser notre ami et collègue Idir Dahmani, à Khenchela: «À Khenchela, l'âge des arbres ne se mesure pas en dizaines d'années, il se mesure, comme leur histoire, en dizaines de siècles.» Et c'est un pan de l'Histoire nationale qui risque de partir en fumée. D'autant que le colonel Boualem Boughlef, directeur général de la Protection civile, a exclu le recours à d'autres hélicoptères du fait qu'elles participent actuellement déployées pour l'extinction des feux dans la wilaya de Tipaza et l'évacuation des citoyens. Un autre berceau de l'Histoire nationale au même titre que Constantine, où près de 75 ha de végétation, toutes espèces confondues, ont été ravagés par les flammes, la semaine dernière. Chaque année est enregistrée la perte de 34 000 ha de végétation. C'est énorme pour un pays à faible taux de boisement (1,76%, soit un total de 4,1 millions d'hectares). Ainsi, aucune région de l'Algérie n'échappe aux feux de forêt, notamment en ces temps de sécheresse. Le syndrome des feux de forêt pointe à l'horizon d'un été caniculaire marqué par la persistance de la sécheresse. Certes, il est habituel que les massifs forestiers et le couvert végétal du pays soient en proie aux flammes, chaque année, pendant la période estivale, mais l'ampleur des ravages enregistrés jusqu'ici, depuis le début de cet été, pousse à croire que nous allons tout droit vers un désastre écologique qu'il sera difficile d'y remédier.