Bamako a «vivement protesté» samedi contre des propos critiques envers les militaires maliens putschistes du président nigérien Mohamed Bazoum, jugeant qu'ils allaient «à l'encontre des relations d'amitié et de fraternité» entre les deux pays. Le chef d'Etat nigérien a critiqué vendredi la propension des colonels au Mali, auteurs de deux coups d'Etat en moins de neuf mois, dont le dernier en mai, à prendre le pouvoir après des revers militaires.»Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu'ils ont des déboires sur le front (...), que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d'Etat», a déclaré, vendredi M. Bazoum, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris. «Qui va faire la guerre à leur place?», a-t-il ajouté. «Ce serait facile si chaque fois qu'une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir! (...) Ce ne sont pas des choses acceptables.» «Suite aux propos» du président nigérien, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali Abdoulaye Diop a «reçu ce vendredi 9 juillet l'ambassadeur de la République du Niger au Mali» Mamoudou Moumouni, selon un communiqué du ministère malien publié samedi. «Le ministre a tout d'abord fait part de l'étonnement du gouvernement malien face à de tels propos et a en conséquence élevé, au nom du gouvernement de la République du Mali, une vive protestation auprès du gouvernement de la République du Niger», ajoute le communiqué. «Le gouvernement du Mali tient à rappeler que le Niger et le Mali, liés par l'histoire et la géographie, ont toujours développé de solides relations d'amitié et de fraternité qui n'appellent qu'à être renforcées. Une telle déclaration va malheureusement à l'encontre de cet esprit.» Bamako estime que les deux pays «devraient plutôt unir leurs efforts» pour lutter contre «l'extrémisme violent, le terrorisme et le Covid-19». Au Mali, la junte a enchaîné deux coups d'Etat en moins d'un an. Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et jihadiste dans le Nord, le pays est plongé dans une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré le soutien de la communauté internationale et l'intervention de forces de l'ONU, africaines et françaises. Les violences se sont propagées au Burkina et au Niger voisins.