Apres huit livres à son actif, l'écrivain franco-algérien vient de publier aux Editions Casbah un nouveau roman intitulé «D'Amour et de guerre», un livre bouleversant dont l'Algérie palpite dans son coeur tout autant. Un livre qui se lit comme l'on regarderait un beau film au cinéma, avec beaucoup d'émotion et d'attention. Un roman qui vous fera pleurer. Vous n'en sortirez pas indemne car ce livre ne vous lâchera pas dés la première seconde où vous l'aurez pris dans vos mains, tant vous attendez le dénouement de l'histoire avec impatience. «La guerre détruit les rêves de jeunesse» s'attelle à nous raconter ce livre qui nous introduit intrinsèquement dans la vie de ce jeune homme qui connaîtra maintes souffrances durant sa vie...Au milieu des ténèbres de la guerre, ce livre donne à éprouver pourtant, beaucoup d'amour, du sentiment d'altruisme, et de l'espoir aussi malheureux fusse t-il, auquel on s'attache pour survivre désespérément. Il s'agit de la quête d'un jeune soldat kabyle qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, se verra propulsé dans un monde cauchemardesque alors qu'il est épris d'amour et de liberté... Il s'agit d'Adam, le héros du livre d'Akli Tadjer. L'histoire commence en octobre 1939 dans les montagnes de Kabylie. Depuis septembre la France est en guerre contre l'Allemagne. Adam survit après avoir assisté à la mort de son père après d'atroces souffrances suite à la gangrène après avoir participé à la Grande guerre. S'ensuivra aussi la mort de sa mère faute de médicament. De larmes et de souffrances Adam a 20 ans et depuis qu'il est tout jeune, il cultive un amour sans borne pour une fille du village, appelée Zina. Ces deux- là rêvent de se marier et fonder un foyer. D'ailleurs, Adam construira de ses mains une maison pour sa future épouse avec le mot «Clé» écrit sur son fronton comme gage pour préserver à jamais leur amour. Eleveur de moutons, sans ressources, il a peur que Youcef le fils du caïd lui arrache et se marie avec elle...Débrouillard, Adam sait lire et écrire grâce à l'instituteur du village qui lui prêtait des livres en cachette. M. Grandjean, celui que l'on retrouvera plusieurs pages plus tard et chez qui Adam ira se réfugier en France, pour échapper aux mains des Allemands. En fait, Adam va être embarqué comme tirailleur pour servir la France et se battre contre les nazis..Arraché à son village de Boussoulem et surtout à sa bien-aimée lors de leur nuit de noces, Adam va être embarqué pour la France, vers ce monde inconnu dans lequel il vivra de bons et mauvais moments et surtout il goûtera à son enfer dans les geôles et les camps de travail allemands. Emprisonné par les Allemands, adam avec ses deux compagnons de route et d'enfance de Kabylie vont s'évader pour rejoindre Paris et arriver jusqu'à... M. Grandjan qui, après 30 ans de bons et loyaux services dans l'enseignement au village de Boussoulem, décide de rentrer en France. Voyage au bout de l'enfer Les deux compagnons d'infortune d'Adam sont Samuel un juif qui rêve de rentrer en Algérie pour être rabbin et Tarik qui rêve quant à lui d'être imam. Adam s'échappera ainsi de la prison allemande, pressé qu'il était de rejoindre Paris dans le seul objectif de pouvoir retrouver son pays et enfin sa chère Zina. Une fois à Paris, les embrouilles commencent. Les choses se compliquent. Le vieil instituteur n'est plus ce vigoureux instituteur du village. Il a la mémoire qui flanche. Il veut retrouver sa soeur Marie-Anne en Normandie. Tarik qui se mettra à lire la biographie d'Hitler, se prendra au jeu de cet Illuminé avec compassion et voila qu'il se met en tête de rejoindre l'armée allemande pour combattre son ennemi, la France! Entre- temps les juifs sont raflés. Ils portent d'ailleurs une croix jaune sur leur poitrine... Un jour, Samuel décide d'aller prier avec le père d'Elvire, des voisins juifs. Il s'éprendra d'amour pour la fille, mais les deux hommes sont attrapés par les soldats et emportés dans les camps allemands. Adam, Elvire et M. Grandjean partent en Normandie... Quelque temps plus tard, les alliés débarquent et libèrent la France. Nous sommes en 1944. Adam aura passé un an plus tôt en prison après avoir été arrêté pour son travail dans le marché noir grâce auquel il amassera beaucoup d'argent. Sonne l'heure du retour en Algérie et les retrouvailles fatidiques... Une écriture alerte et imagée «D'amour et de guerre» vous met en ébullition jusqu'à la dernière ligne. Ce roman décrit dans le moindre détail chaque situation, chaque profil humain jusqu'à sa dégaine, jusqu'à la moindre virgule qui vous assaille l'estomac pour le mal que subit chaque personnage dans ce roman avec chagrin. Roman psychologique, sur fond historique, il donne à ressentir chaque instant éprouvé par les personnages dans chaque environnement et paysage hostile décrit dans la parfaite minutie. Adam qui pensait avoir tout vécu du haut de ses 20 ans en Kabylie, découvrira un autre univers, autrement plus rude et tentaculaire que celui de sa Kabylie natale. Il survivra au pire grâce à l'écriture sur son petit carnet rouge où il consignera en secret toutes ses confidences intimes et son amour à Zina..Ce roman nous invite à suivre les péripéties d'une histoire avec un petit h, noyée dans la grande Histoire, comme il y en a eu à la pelle, durant la Seconde Guerre mondiale, une guerre qui a laissé plein de victimes sur le bas côté de l'Histoire et de l'échelle sociale. Et c'est à ces gens-là, ces anonymes qui se sont sacrifiés pour un pays qui n'est pas le leur, et surtout pour une guerre qu'ils n'auront pas choisie, qu'Akli Tadjer rend hommage dans ce livre puissamment beau et tragique à la fois. Un grand hymne aux grands oubliés de l'Histoire de France qu'est ce roman pétri d'humanisme et de tolérance mais de remise en question aussi. Car si Adam rêve de retrouver Zina, d'autres, comme Elvire qui rêve de retrouver son amant Gaspard, l'Amérique, tout comme ce mannequin, le monde de la mode... Que de rêves brisés en somme à cause de la guerre! Rappelons que ce livre a été publié en France aux Editions Les Escales. «D'amour et de guerre», a été, pour info, finaliste du prix Maison de la presse 2021.