L'Algérie est passée à la phase active du remboursement de la dette. C'est hier mercredi après-midi que s'est finalement ouverte dans la capitale française la réunion du Club de Paris consacrée au remboursement anticipé de la dette algérienne rééchelonnée, avec la participation du grand argentier du pays, M.Mourad Medelci, qui avait reçu une réponse positive de la part des 19 pays créanciers à sa demande formulée le 15 mars 2006. On rappellera que le montant de la dette est évalué à environ 8 milliards de dollars sur un stock de 15,5 milliards de dollars représentant la dette extérieure totale arrêtée à fin février 2006, contre 21,4 milliards de dollars à fin 2004. Le ministre algérien des Finances est à la tête d'une importante délégation, comprenant de hauts responsables de son département ministériel, ainsi que le gouverneur de la Banque d'Algérie, M.Mohamed Laksaci, à l'effet de discuter des modalités de remboursement anticipé de la dette publique algérienne rééchelonnée. Si accord il y a, il sera multilatéral, ouvrant la voie à la signature ultérieure d'accords bilatéraux avec chacun des pays créanciers, portant sur le remboursement au cas par cas de la dette algérienne. Le Club de Paris, rappelle l'APS, est un groupe informel de 19 pays créanciers occidentaux qui se réunissent dix à onze fois par an à Paris, dans le cadre de sessions de négociations, pour discuter entre eux de la situation de la dette extérieure de différents pays. Il est présidé actuellement par Xavier Musca, directeur général du Trésor et de la politique économique au ministère français de l'Economie. En optant pour un remboursement anticipé, l'Algérie fait donc sien l'adage qui dit «qui paie ses dettes s'enrichit». Elle aura surtout tiré les leçons des erreurs passées, qui l'ont amenée à passer sous les fourches caudines du FMI à la fin des années 90, n'ayant plus dans les caisses de l'Etat de quoi assurer plus de trois jours de sécurité alimentaire, allant jusqu'à démanteler les entreprises et à mettre au chômage près de 400.000 travailleurs. C‘est donc pratiquement le scénario d'un cauchemar horrible que l'Algérie ne veut plus rééditer, en mettant à profit les recettes providentielles générées par les exportations de pétrole, adoubées par la montée en flèche du cours du baril. Il est vrai que les grands pays développés, comme les Etats-Unis ou la France sont sur-endettés, mais ceux-là ont les moyens de leur politique ; puisque leur machine économique tourne à plein régime et qu'ils ne peuvent pas être mis à genoux. Ce qui n'est pas le cas d'un petit pays comme l'Algérie ; qui s'est trouvé face à des problèmes insupportables le jour où le prix du baril est tombé à près de 9 dollars, surtout du fait de la monoexportation d'hydrocarbures. Malheureusement depuis cette date, et bien que le pays ait engrangé des rentrées substantielles, il n'a pas encore inversé la tendance: on est toujours prisonnier de la monoexportation d'hydrocarbures, les autres secteurs n'arrivant pas à décoller. Il est bon donc d'arriver à effacer la dette, encore faut-il mettre sur rails une véritable politique économique qui éloigne définitivement le spectre de la disette et des émeutes de la farine, comme on avait qualifié à l'époque les événements du 5 octobre 1988.