Ce remboursement anticipé n'est que le début de quelque chose de bon pour l'économie algérienne, qui permettra au gouvernment de s'attaquer à d'autres tâches. Deux accords très importants ont été signés par le grand argentier du pays, Mourad Medelci à Paris. Le premier, multilatéral, l'a été avec les membres du Club de Paris, présidé par Xavier Musca, et qui gère la dette publique algérienne rééchelonnée de près de 8 milliards, et le second, bilatéral, l'a été avec son homologue français, Thierry Breton, ministre français de l'Economie, portant sur le remboursement anticipé de la dette que détient la France sur l'Algérie, et qui est de 1,6 milliard de dollars. Les autres pays du Club de Paris -et qui sont dans l'ordre alphabétique l'Allemagne, l'Autriche, les Etats-Unis, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse- sont appelés à afficher leurs intentions et des propositions concrètes de signature de l'accord bilatéral, avant le 15 juin 2006. Les options de remboursement anticipé se dérouleront sur une base volontaire entre le 31 mai et le 30 novembre 2006. Alors que le calendrier initial avait prévu que la dette due par l'Algérie aux créanciers, devait en principe, en vertu des accords de rééchelonnement de 1994 et 1995, être remboursée entre le 30 novembre 2006 et le 30 novembre 2011. On peut dire qu'avec le nouvel accord signé mercredi dans la capitale française, le remboursement devrait être achevé à la date du début initial des remboursements. C'est un exploit. Cela dit, dans le discours de tout homme politique, il y a inévitablement une part non négligeable de langue de bois, et ceux prononcés par MM.Medelci et Breton ne dérogent pas à la règle. Ainsi pour M.Medelci, les décisions qui ont été prises permettront à l'Algérie de se consacrer encore plus largement à la réalisation du programme exceptionnel de nos infrastructures ainsi qu'au développement de nos réformes. Et de rappeler dans ce contexte le programme de consolidation de la croissance lancé en 2005 et qui représente, à l'horizon 2009, un engagement financier sur ressources propres de plus de 80 milliards de dollars. On remarquera au passage que ce chiffre ne cesse d'augmenter et de prendre du volume, sans aucun doute grâce à l'envolée des cours du brut. «Nous saisissons cette occasion pour vous confirmer que l'exécution de ce programme constitue un puissant levier de promotion de la coopération de l'Algérie avec ses partenaires», a ajouté M.Medelci. Quant à M.Thierry Breton, ministre français de l'Economie, il a estimé que cet accord est une très bonne chose pour l'Algérie, en précisant que la France a apporté son soutien à cette opération dès le premier jour. Il a promis que la France et l'Algérie poursuivraient leurs relations dans le cadre d'un partenariat stratégique, notamment en ce qui concerne le secteur économique, invitant M.Medecli à renforcer ce partenariat, notamment dans les secteurs de l'automobile et de l'énergie. Quant à Xavier Musca, directeur français du Trésor et président du Club de Paris, il a mis l'accent sur le fait que ce remboursement anticipé s'inscrit dans une stratégie d'ensemble de «croissance économique et sociale». Ainsi, malgré la prédominance de la langue de bois, à laquelle on ne pouvait pas y couper du fait de la «solennité» de la cérémonie de signature, certaines vérités ont été dites en filigrane, entre autres, que l'Algérie, en bonne santé financière, ne demandait pas d'abattement sur ses dettes, pour reprendre les termes mêmes employés par Thierry Breton. Dans le même ordre d'idées, M.Medelci n'a pas caché que l'Algérie fait face à des attentes considérables liées à son statut de pays en développement qui, de surcroît, a été traversé par une crise multidirectionnelle d'une grande gravité et qui a nécessité un traitement à long terme. M.Medelci a fait d'autres promesses, à savoir celles de suivre une politique de réformes courageuses, celle du système bancaire qui évolue dans le bon sens, un meilleur accès aux télécommunications, ou la levée des contraintes qui pèsent sur le foncier. Comme on peut le voir, ce remboursement anticipé n'est que le début de quelque chose de bon pour l'économie algérienne qui aura les coudées plus franches pour s'attaquer à d'autres tâches.