Rescapé d'une succession de gouvernances bancales, et dans le besoin d'une restructuration profonde, fortement induite par les résultats des exercices précédents, le secteur de l'Industrie, maillon incontournable de la relance économique, semble entrer dans une phase nouvelle. C'est, du moins, ce qui se dégage des premières actions du nouveau ministre, Ahmed Zeghdar, qui, d'emblée, s'est penché sur la qualité de gestion du secteur et sur les failles à éradiquer, dans l'optique de remettre ce département à ses missions premières. À ce titre, le ministre a insisté sur l'importance de «prendre connaissance des divers dossiers et des difficultés rencontrées dans l'accomplissement des missions qui en découlent, ainsi que l'évaluation de la situation du secteur, de conjuguer les efforts pour mettre en oeuvre les réformes tracées et remédier aux lacunes et aux insuffisances enregistrées, et trouver de nouvelles méthodes de travail permettant d'améliorer la performance de l'administration centrale et de ses différents services locaux, afin de créer un climat d'affaires serein et relancer l'investissement générateur de richesse». Hormis les impératifs de l'heure et les urgences qui s'imposent au secteur, il faut dire qu'il s'agit d'une nouvelle approche qui découle de la vision d'un ministre issu du parti triomphant des dernières élections législatives, en l'occurrence le FLN. Un ministre politique qui, contrairement à ses deux prédécesseurs technocrates, pour faute de temps pour le dernier en poste, et les blocages tous azimuts de celui d'avant, qui a laissé le secteur dans un chaos inédit, laisse croire un espoir de résultats. Le seul fait de consacrer la priorité à l'établissement d'un état des lieux, et à renforcer les moyens de l'administration, renseigne sur la volonté de déterminer les capacités du secteur à rebondir. C'est sur quoi le ministre s'est attardé, soulignant, «la nécessité de préserver le tissu industriel et les postes d'emploi, notamment en cette conjoncture sanitaire difficile, induite par la pandémie de Covid-19,en vue d'assurer la bonne marche du secteur et garantir la célérité et la rigueur dans le traitement des dossiers». Une approche qui vise à recadrer les mécanismes et les méthodes de gestion qui ont plongé le pays dans la léthargie durant des décennies. Un changement de cap qui pourrait redorer le blason de cette formation, si des avancées concrètes venaient à redresser la situation du secteur. Cela étant, on n'en est pas encore là. Du fait que les séquelles et les dégâts engendrés par les retards, les dysfonctionnements et l'héritage empoisonné de la «issaba», imposent, en plus de la concrétisation de profondes réformes, un assainissement du département, à même de dénicher et éradiquer les foyers de la bureaucratie et de la corruption. Néanmoins, il apparaît d'ores et déjà, à travers cette nouvelle direction, un éloignement certain des pratiques anciennes, où les premiers responsables du secteur, se sont surtout empressés de faire des promesses, sans retenue, exhibant beaucoup plus une volonté de gagner du temps, qu'à aller au fond du problème. Nul besoin de revenir sur d'innombrables constats d'échecs, dans des dossiers aussi importants que l'industrie automobile, la sous-traitance et la politique d'intégration, pour ne citer que ceux-là. Nous en sommes, encore, aux obstacles des dernières décennies, alors que l'urgence est, incontestablement, l'émergence d'une politique industrielle visant à impacter positivement, la production de biens et d'équipements, et des produits de consommation. A ce sujet, le ministre a insisté sur «la nécessité de la numérisation de tous les mécanismes de fonctionnement du ministère et de généraliser, en urgence, l'usage des technologies de l'information et de la communication modernes pour une gestion transparente et intègre des dossiers d'investissements publics et privés».